Un Américain au secours de Scotland Yard

Bill Bratton à l'époque où il officiait à Los Angeles, "la capitale des gangs".
Bill Bratton à l'époque où il officiait à Los Angeles, "la capitale des gangs". © MAXPPP
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avec agences , modifié à
PORTRAIT - L'ex-chef de la police de Los Angeles devient consultant anti-gangs outre-Manche.

La presse britannique ne parle que de lui : Bill J. Bratton, 64 ans en octobre, a été nommé ce week-end par le gouvernement Cameron conseiller du gouvernement. Sa mission, qui devrait débuter à l'automne : aider Scotland Yard à développer des stratégies face aux émeutes de masse et à la culture des gangs.

Si sa nomination fait couler de l'encre outre-Manche, c'est que cet expert de la criminalité urbaine est américain. Son dernier poste ? Chef de la police de Los Angeles, longtemps taxée de "gangland". Dans les années 90, il dirigeait la police de New York, après avoir été à la tête de celle de Boston.

Cameron l'aurait bien vu à la tête de Scotland Yard

Les médias anglo-saxons laissent entendre que David Cameron aurait bien vu ce super flic américain à la tête de Scotland Yard, poste pour lequel Bill Bratton n'a pas caché son intérêt. Mais les grincements de dents ont fait fléchir le Premier ministre britannique. Il ne sera finalement "que" consultant.

Car la police londonienne a vu rouge à l'annonce du parachutage du Yankee et les critiques ont fusé. Un organisme a parlé d'une "gifle" pour la police métropolitaine tandis qu'un responsable de la fédération des policiers du Grand Manchester a affirmé que la Grande-Bretagne n'avait nul besoin d'une personne "qui vit à 8.000 km d'ici". "Je ne suis pas sûr de vouloir apprendre comment gérer les gangs en m'inspirant d'une région des Etats-Unis où il y en a 400 qui sévissent", a fustigé de son côté le chef du corps des officiers de police. "Même si Bill Bratton a des états de service très brillants aux Etats-Unis, c'est un style de police différent du nôtre", a encore pointé le responsable de la Fédération de la police londonienne.

Présenté un adepte de la "tolérance zéro", il dit détester l'expression

Les Bobbies ne sont pas loin de voir en Bill Bratton une sorte de Robocop. Il faut dire qu'en Grande-Bretagne, la réputation qui le précède est celle d'un partisan de la "tolérance zéro", adepte de la "théorie de la vitre brisée" (qui vise à sanctionner tout acte de délinquance même mineur afin de prévenir tout engrenage).

Un portrait manichéen dont Bill Bratton se défend. Dans une tribune parue dans le Daily Mail, l'intéressé assure être "progressiste" et jure détester l'expression "tolérance zéro". "Je ne préconiserai la tolérance zéro dans aucun pays. C'est irréalisable. (…) On ne peut pas éliminer le crime ou le désordre social mais on peut le réduire de façon significative", peut-on lire dans l'interview parue dimanche.

Ruse diplomatique ou malentendu frisant l'erreur de casting, dans une interview au Sunday Telegraph le même jour, David Cameron ne semblait pas vraiment sur la même longueur d'onde : "nous n'avons pas assez parlé le langage de la tolérance zéro. Mais le message est en train de passer", assurait le Premier ministre.