Un Américain à la tête de BP

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Bob Dudley succédera à Tony Hayward en octobre. Un choix fait pour rassurer les Américains.

C’est un choix stratégique qu’a fait BP. La compagnie pétrolière, à l’origine de la gigantesque marée noire en Louisiane, sera bientôt dirigée par un Américain. Le dirigeant du groupe britannique, Tony Hayward, très critiqué pour sa gestion de la marée noire dans le golfe du Mexique, cèdera sa place en octobre à l'Américain Bob Dudley. ce dernier a déclaré, sur ABC, que BP allait devoir "changer de culture" après la marée noire.

"Cet accident nous est tombé dessus. Il est clair que nous allons continuer à renforcer la sécurité de nos opérations", a-t-il ajouté, affirmant que BP et l'industrie pétrolière en général allaient "beaucoup apprendre" de la catastrophe.

"Besoin d'une nouvelle direction"

BP a indiqué que le départ de Tony Hayward, 53 ans, se faisait "d'un commun accord" avec celui-ci. Selon le président de BP Carl-Henric Svanberg, la direction est "profondément attristée de perdre un directeur général dont le succès pendant trois ans pour piloter la performance de l'entreprise a été si largement admirée, et de manière si méritée". "La tragédie de l'explosion du puits de Macondo et les dommages environnementaux qui ont suivi ont été un tournant", a observé le président.

"BP reste une entreprise robuste avec de beaux actifs, un personnel excellent et a un rôle vital à jouer pour contenter les besoins de la planète en énergie", a-t-il déclaré. "Mais ce sera une entreprise différente désormais, qui a besoin d'une nouvelle direction soutenue par une gouvernance robuste et un conseil d'administration très engagé".

Rassurer les Américains

L'arrivée de Bob Dudley, 54 ans et premier dirigeant non britannique de BP, a notamment pour but de rassurer les Américains. Il était chargé depuis juin de la gestion de la marée noire dans le golfe du Mexique, une région qu'il connaît bien pour y avoir passé une partie de son enfance. Il avait auparavant dirigé la coentreprise de BP en Russie TNK-BP pendant cinq ans avant de devoir partir précipitamment en 2008 après un conflit avec les coactionnaires.

Pour Carl-Henric Svanberg, BP "avait beaucoup de chance d'avoir un successeur du calibre de Bob Dudley (...) qui a montré qu'il savait opérer de manière solide dans les circonstances les plus difficiles". Tony Hayward sera quant à lui nommé au conseil d'administration de la coentreprise russo-britannique TNK-BP, à un poste non exécutif, et restera au conseil d'administration de BP jusqu'au 30 novembre.

1 million d’indemnités de départ

Il recevra un an de salaire en guise d'indemnités, soit 1,045 million de livres (1,2 million d'euros) conformément aux pratiques du groupe. Bob Dudley, ancien employé de l'américain Amoco et qui avait rejoint BP lors de la fusion des deux entreprises en 1998, s'est dit "honoré de se voir confier la tâche de rebâtir la réputation de BP, mais triste des circonstances" dans lesquelles cela arrive.

Le groupe britannique a également annoncé, mardi, une perte de 16,9 milliards de dollars au deuxième trimestre, soit la plus grosse perte trimestrielle de l'histoire des entreprises britanniques, à cause de provisions constituées pour faire face au coût de la marée noire.