Ukraine : un chef séparatiste admet la présence de missiles BUK

Pour la première fois, un chef séparatiste admet que les prorusses disposent du type d'arme qui serait à l'origine du crash du vol MH17
Pour la première fois, un chef séparatiste admet que les prorusses disposent du type d'arme qui serait à l'origine du crash du vol MH17 © REUTERS/Maxim Zmeyev
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Damien Brunon avec Reuters , modifié à
MH17 - Selon lui, les forces gouvernementales ukrainiennes ont provoqué le drame en menant d’intenses opérations militaires aériennes dans la région.

L'un des chefs militaires des séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine, Alexandre Khodakovski, a reconnu mercredi que les rebelles possédaient des missiles antiaériens BUK de fabrication russe, du type de celui qui selon Washington a détruit la semaine dernière un Boeing 777 de la Malaysia Airlines, faisant 298 morts.

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Les missiles aurait pu repartir en Russie. Dans un entretien accordé mardi à Reuters, le commandant du "bataillon Vostok" a affirmé cependant que les forces gouvernementales ukrainiennes, en multipliant sciemment les opérations aériennes jeudi dernier dans ce secteur, avaient tout fait pour que la défense antiaérienne des insurgés entre en action. Il n'exclut pas que le missile qui aurait atteint l'avion de ligne soit venu de Russie et y ait été renvoyé après le drame, pour escamoter les preuves.

"Je savais qu'un BUK était venu de Louhansk. On m'avait alors dit que ce BUK était envoyé par la 'République populaire de Louhansk'", autre bastion des insurgés, a-t-il dit. "J'étais au courant de la présence de cette batterie de BUK. On m'en avait parlé. Je pense qu'elle a ensuite été renvoyée là d'où elle venait (...) afin d'effacer les preuves de sa présence."

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La faute des Ukrainiens. Pour Alexandre Khodakovski, s'il est démontré que l'appareil a bien été touché par un missile, les autorités de Kiev ont provoqué ce drame en menant d'intenses opérations aériennes dans le secteur en sachant très bien que les missiles y étaient déployés.

"Ce jour-là, jeudi dernier, il multipliaient les vols et juste au moment du tir, au moment où l'avion civil passait au-dessus, ils ont lancé des attaques aériennes. S'il y avait bien un BUK, et si ce BUK a été utilisé, l'Ukraine a tout fait pour qu'un appareil civil soit descendu..."

"Ils savaient que le missile serait déployé là et ils ont provoqué le tir de ce BUK en lançant une attaque aérienne sur un objectif sans importance que leurs avions avaient ignoré pendant une semaine."

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Kiev savait. "Il faut dire certaines choses : l'Ukraine a été informée que les volontaires possédaient cette technologie grâce à la Russie. Non seulement les Ukrainiens n'ont rien fait pour assurer la sécurité dans la zone mais ils ont provoqué l'utilisation de ce type d'armes contre un avion civil qui la survolait", a affirmé le chef séparatiste.

"Les Ukrainiens savaient que le BUK était là, qu'il se dirigeait vers Snejnoïe", village à 10 km à l'ouest du site où le Boeing s'est écrasé, a-t-il poursuivi.

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Pas de missiles chez moi. Alexandre Khodakovski a ajouté que sa propre unité n'avait jamais possédé de missile BUK - que les Occidentaux désignent sous le nom de SA-11. Il a précisé que les séparatistes avaient pris ces derniers mois des missiles de ce type aux forces gouvernementales - au moins quatre - mais qu'aucun n'était opérationnel.

"Je ne dis pas que la Russie a donné (aux rebelles) un tel missile mais si on m'en avait proposé un, j'aurais accepté. Mais je ne l'aurais pas utilisé contre une cible inoffensive, je l'aurais tiré uniquement pour protéger des vies en cas d'attaque aérienne." Les dirigeants de la "République populaire de Donetsk", proclamée par les insurgés dans la région où le Boeing a été détruit, ont assuré à plusieurs reprises ne pas détenir de tels missiles sol-air.