Ukraine : où en sont les accords de Minsk 2 ?

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Noémi Marois avec AFP , modifié à
UN AN APRÈS - Alors que l'Ukraine fête dimanche le premier anniversaire de la révolution de Maïdan, les accords de Minsk signés le 12 février, commencent à être en partie appliqués. 

Kiev s'apprête à célébrer dimanche le premier anniversaire de la révolution de Maïdan, la révolution pro-européenne qui a mené au départ du président prorusse Viktor Ianoukovitch. Mais les accords de Minsk 2 signés le 12 février et censés ramener la paix dans l'est du pays ne semblent tenir qu'à un fil. Si un échange de prisonniers a eu lieu samedi entre séparatistes pro-russes et soldats ukrainiens, des combats ont été signalés par Kiev dimanche près du port de Marioupol. Une explosion a également eu lieu dimanche lors d'une marche patriotique à Kharkiv, situé à 200 km de la zone de combats avec les séparatistes. Au moins deux personnes ont été tuées.

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Un échange de prisonniers... Principal point positif dans l'application des accords de Minsk 2, un échange de prisonniers a eu lieu samedi dans la bourgade de Jolobok, située sur la ligne de front de la région de Lougansk. L'armée ukrainienne a pu récupérer 139 de ses soldats et les rebelles pro-russes, 52 de leurs combattants. Les soldats prisonniers, en partis blessés et se déplaçant difficilement, ont du, pour parvenir au lieu de l'échange, marcher plusieurs kilomètres dans une campagne frappée par les tirs d'artillerie. 

Depuis le début de l'année, aucun échange de prisonniers n'avait été aussi important. Les accords de Minsk 2 prévoient qu'Ukrainiens et rebelles libèrent "tous les prisonniers et les otages" retenus depuis le début du conflit, soit depuis avril 2014. 

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... et un accord sur les armes lourdes. Autre bonne nouvelle dans l'application des ces accords, l'Ukraine s'est entendu avec les rebelles pro-russes pour commencer le retrait d'armes lourdes de la ligne de front, a annoncé dimanche le général ukrainien, Olexandre Rozmaznine. Ce processus, conditionné à l'arrêt total des opérations militaires, devait à l'origine débuter le 17 février dernier pour s'achever le 3 mars. 

Ce retrait d'armes lourdes est censé permettre l'instauration d'une zone tampon d'une profondeur de 50 à 140 kilomètres en fonction du type d'armes. Si pour certains médias, le retrait des troupes pourrait commencer dès dimanche, Olexandre Rozmaznine a estimé qu'il était trop tôt pour en parler. 

Ukraine Russie frontière AFP

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Pas de réel cessez-le-feu. Les accords de Minsk 2 prévoyait dès le 15 février un cessez-le-feu dans l'est ukrainien. Mais les séparatistes pro-russes ne l'ont pas entendu de cette oreille en poursuivant leur offensive autour de la ville de Debaltseve, nœud routier et ferroviaire situé entre leurs deux fiefs de Lougansk et de Donetsk. Mercredi, environ 2.500 soldats ukrainiens qui tenaient jusque là la ville ont finalement été évacués, laissant le champ libre aux séparatistes. Lors de la retraite, 20 soldats ukrainiens sont morts, 173 autres ont été blessés et 80 ont été portés disparus. Cette bataille de Debaltseve aura fait en un mois 179 morts dans l'armée ukrainienne. 

Les deux camps s'accusent mutuellement d'autres entraves au cessez-le-feu. Samedi matin, des tirs d'artillerie ont résonné à Donetsk. Trois civils ont aussi été tués par des bombardements à Avdiïvka, une ville contrôlée par Kiev et située cinq kilomètres au nord de Donetsk, a annoncé samedi le chef de la police régionale pro-Kiev. Un soldat ukrainien a été tué et 40 blessés, selon un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko. Vendredi, il avait annoncé que vingt chars russes avaient aussi franchi la frontière russo-ukrainienne à Novoazovsk, à l'extrémité sud de la ligne de front.

"Les combats continuent" à Marioupol. Les autorités ukrainiennes craignent que Marioupol, important port et dernière grande ville contrôlée par Kiev à l'est du pays, devienne le prochain point chaud du conflit. Une concentration de troupes russes est en effet en train d'y avoir lieu. Andriy Lissenko, porte-parole des forces armées ukrainienne, a précisé qu'un convoi ferroviaire transportant 60 véhicules blindés, dont des chars, était entré samedi en Ukraine par la ville d'Amvrosiivka et qu'un autre convoi avait franchi la frontière près de Novoazovsk, à l'est de Marioupol.

"Là (dans le village de Chyrokine, à l'est de Marioupol),une confrontation armée est en cours. Les combats continuent. Nos soldats tiennent leurs positions", a-t-il dit.

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Des "sanctions très graves" envisagées par les États-Unis. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a une nouvelle fois haussé le ton samedi en menaçant la Russie de "sanctions graves". Il estime en effet que Moscou est responsable de la rupture du cessez-le-feu dans l'est ukrainien. "Des sanctions très graves peuvent être prises, qui auraient un impact très négatif sur l'économie russe", a dit lors d'un point presse John Kerry. "Dans les prochains jours, le président Obama va évaluer les choix à sa disposition et prendre sa décision", a-t-il ajouté. Il a observé au sujet des accords de Minsk 2 que "la Russie et les séparatistes ne s'y conforment que dans quelques zones, mais pas à Debaltseve, pas autour de Marioupol et pas dans certains autres lieux stratégiques".

Concernant la possibilité de fournir des armes à l'Ukraine, les États-Unis ne sautent pas encore le pas. John Kerry a répété que des discussions avaient lieu à Washington mais qu'"aucune décision n'a été prise par le président à ce stade".

Mardi aura lieu à Paris une rencontre entre les chefs de la diplomatie français, allemand, ukrainien et russe afin de faire le point sur la situation. Mais dimanche, le ministre des Affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, a d'ores et déjà mis en garde la Russie. Interrogé par le quotidien Bild sur la "ligne rouge" à ne pas franchir, le ministre a déclaré qu'une "avancée" sur la ville portuaire "de Marioupol constituerait une violation claire des accords" de Minsk et porterait préjudice à ses principes fondamentaux.

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