Tunisie : la tension perdure

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avec Catherine Boullay et agences , modifié à
Malgré le départ de Ben Ali, la population reste apeurée, et les incidents se multiplient.

C'est une journée test pour la Tunisie. Au lendemain de l'annonce du départ de Ben Ali, le pays s'est réveillé timidement après une nuit marquée par des violences. Mais la peur continue de régner dans les rues de Tunis. La faute aux rumeurs, qui circulent principalement via Internet, mais aussi en raison d'incidents plus ou moins violents.

La population tunisienne reste donc apeurée. Selon l'envoyé spécial d'Europe 1 à Tunis, les rues de la capitale sont barrées par des parpaings, des bidons, des cordes. Et juste derrière ces barrages se trouvent les habitants du quartier. Ils sont armés de barres de fer, de club de golf, de chaînes, parfois des chiens. Ils assurent une présence continue pour dissuader les fauteurs de trouble. L'armée a demandé aux membres de ces milices informelles de s'habiller en blanc pour ne pas être confondus avec des casseurs.

Par ailleurs, des violences ont bien lieu. elles concernent dans l’immense majorité des cas concernent des intérêts du clan Ben Ali. Mais elles maintiennent ce climat de peur et de violence.

Des appels à l'armée

La nuit de vendredi à samedi a été mouvementée à Tunis. De nombreux pillages ont eu lieu dans plusieurs quartiers périphériques. Plusieurs quartiers de la proche banlieue de Tunis ont vécu une nuit d'angoisse en raison de destructions menés par des bandes de personnes encagoulées, selon les témoignages d'habitants apeurés, qui ont été relayés par les télévisions locales durant la nuit.

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"Il y a eu des tirs dans la banlieue nord où le magasin Carrefour a été pillé", rapporte l'envoyée spéciale d'Europe 1. "Devant le danger, de nombreuses personnes ont appelé l'armée pour les protéger", a joute-t-elle. L'armée a fait survoler la ville par des hélicoptères alors que les spéculations allaient bon train sur l'identité des responsables des violences et des pillages.

La prison de Monastir s'embrase

Mais si le calme est revenu à Tunis, la situation reste fragile. Monastir où au moins 42 prisonniers ont péri dans l'incendie samedi d'une prison. "Trente-et-un corps ont été transportés à la morgue et onze ont suivi", a déclaré le Dr Ali Chatli, chef du service de médecine légale à l'hôpital Fatouma Bourguiba de Monastir, à 160 km au sud de Tunis.

Il a précisé que toutes les victimes du premier groupe ont été identifiées et que les 11 venaient d'arriver. Selon ce médecin, l'incendie s'est déclaré lorsque un détenu a mis le feu à un matelas dans un dortoir hébergeant près de 90 détenus lors d'une tentative d'évasion qui a tourné à la panique en raison de coups de feu tirés près de la prison. Il s'agit de l'incident le plus meurtrier depuis le début, il y a un mois, des émeutes qui ont conduit à la fuite vendredi de l'ancien chef de l'Etat Zine El Abidine Ben Ali.