Trop de sexe sur Habbo ?

Les utilisateurs peuvent ainsi se déplacer dans toutes les pièces d'un grand hôtel afin d'entamer une discussion.
Les utilisateurs peuvent ainsi se déplacer dans toutes les pièces d'un grand hôtel afin d'entamer une discussion. © Reuters
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Charles Carrasco , modifié à
Une enquête britannique met en lumière les pratiques dangereuses de certains utilisateurs du site web.

Habbo est-il devenu un chat porno ? A en croire, la chaîne britannique, Channel 4, qui a réalisé une enquête et dont Le Monde.fr se fait l'écho mercredi, ce monde virtuel destiné aux ados regorgerait de "discussions et d'interactions d'une nature sexuelle explicite". Une dérive qui inquiète lorsqu'on sait que près de 10 millions de visiteurs se rendent chaque mois sur le site.

Par l'intermédiaire de leur avatar, en quelque sorte leur "web personnage", les utilisateurs peuvent ainsi se déplacer dans toutes les pièces d'un grand hôtel afin d'entamer une discussion ou bien acheter des crédits pour meubler leur chambre d'hôtel.

"On me demandait si j'avais une webcam"

Jusque-là, rien de très déviant. Mais lors de son enquête, Rachel Seifert, la journaliste de Channel 4, a remarqué, lors de ses visites dans ce monde virtuel, que plusieurs personnages étaient âgés de seulement neuf ans et qu'ils s'adonnaient à des discussions sexuelles.

La journaliste est restée plus de deux mois sur ce réseau en se faisant passer pour une jeune fille de 11 ans. "Dans les deux minutes suivant ma connexion, on me demandait si j'avais une webcam, si on pouvait discuter sur MSN ou sur Skype. En quelques minutes, on me demandait aussi de me déshabiller complètement, et ce que je ferais à la webcam", raconte la journaliste qui a même été soumise à des relations sexuelles non consenties sur son avatar.

Deux cas de pédophiles

Sur les 50 connexions qu'elle a effectuées durant son enquête, un avatar lui a tenu à chaque fois les mêmes discours à connotation pornographique. Mais ce site n'est pas uniquement le repère des ados en recherche d'expériences.

Lors de son enquête, la journaliste a fait apparaître que deux pédophiles "qui ont été reconnus coupables d'abus sexuels sur des dizaines d'enfants avec lesquels ils étaient amis sur Habbo" naviguaient régulièrement dans ce monde virtuel. 

Les modérateurs

Après l'enquête, Paul LaFontaine, le PDG de l'entreprise finlandaise Sulake, qui édite Habbo, a publié un communiqué sur le site de la société. Ces communautés peuvent être "ouvertes aux abus, c'est pourquoi nous travaillons pour améliorer la sécurité des utilisateurs, en filtrant les contenus et en bloquant les utilisateurs inappropriés", assure-t-il.  En 2009, Habbo s'était d'ailleurs engagé auprès de la Commission européenne pour la protection des mineurs.

Tout le problème réside donc dans la modération du site. D'anciens employés de Sulake assurent que l'équipe qui s'occupe de ce secteur a été externalisée. Selon le patron d'Habbo, près de "225 personnes assurent la modération" des "70 millions de lignes" écrites quotidiennement. Vue l'ampleur de la polémique suscitée par l'enquête britannique, Habbo a coupé volontairement les discussions sur le chat. Des évolutions sont déjà en préparation.