The Lady : l’amour sacrifié de Michael Aris

Le 10 décembre 1991, Michael Aris et ses deux fils ont reçu le prix Nobel de la Paix attribué à Aung San Su Kyi
Le 10 décembre 1991, Michael Aris et ses deux fils ont reçu le prix Nobel de la Paix attribué à Aung San Su Kyi © Reuters
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Assiya Hamza , modifié à
L’époux d’Aung San Suu Kyi a renoncé à sa vie de couple pour le combat de l’icône de la démocratie.

Il était l’ombre d’Aung San Suu Kyi. Michael Aris, l’époux du chef de file de l’opposition birmane, a sacrifié sa vie et son amour pour le combat de sa femme. Derrière le parcours du prix Nobel de la paix, le film The Lady de Luc Besson dresse aussi le portrait de cet homme pétri d’abnégation.

C’est sur les bancs de l’université d’Oxford, en Angleterre, que Michael Aris rencontre Suu Kyi à la fin des années 60. Il est étudiant en histoire contemporaine. Elle, en philosophie, politique et en économie. C'est le coup de foudre. Mais la vie les sépare une première fois. Michael partage son temps entre le Bouthan et l'Angleterre pour les besoins de ses travaux de recherche.

Contre toute attente, la distance renforce leur amour naissant. Le couple entretient une intense relation épistolaire. Michael et Suu Kyi s'échangent quelques 187 lettres.

En 1972, le couple se marie à Londres selon le rituel bouddhique du Bhoutan. Percepteur de la famille royale de ce petit état himalayen, Michael Aris est alors nommé à la tête du département traduction du royaume. Il devient également l'historien officiel du Bhoutan, raconte le New York Times.

"Un soir paisible comme bien d'autres"

Michael et Suu Kyi y passent leur première année de mariage. Un an plus tard, le couple rentre à Londres. La jeune femme donne alors naissance à leur premier fils, Alexander. En 1976, il est nommé chercheur à plein temps au St Anthony’s College de l’Université d’Oxford. Kim, leur second fils, naît en 1977 à Oxford.

Fort de son expérience unique au Bhoutan, Michael prépare un doctorat en littérature tibétaine, diplôme qu’il obtient en 1978 à la School of Oriental and African Studies de l’Université de Londres.

Leur vie bascule un soir de mars 1988. "Ce dernier soir de mars 1988, à Oxford, était un soir paisible comme bien d’autres", racontait en 1991, Michael Aris dans son livre intitulé Freedom from fear. "Nos fils étaient déjà couchés et nous étions occupés à lire lorsque le téléphone a sonné. Suu a répondu. Sa mère avait eu une ­sévère attaque. Elle a posé le téléphone et commencé à faire ses ­bagages. J’ai eu une prémonition : celle que nos vies pourraient changer pour toujours.", poursuit-il.

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The Lady, une famille déchiréepar Europe1fr

"Si jamais mon peuple a besoin de moi"

Michael Aris ne se trompe pas. La vie du couple bascule. Alors que Suu Kyi est au chevet de sa mère, elle est rattrapée par l'histoire. Celle de son père, le ­général Aung San, héros de l’indépendance, assassiné quand elle avait deux ans. Les opposants à la dictature birmane la réclament. Aung San Suu Kyi ne peut échapper à sa destinée.

"Je ne te demande qu’une chose, si jamais mon peuple a besoin de moi, c’est de m’aider à remplir mon devoir envers lui... ", avait-elle demandé à son mari. Michael ne peut lutter. Une abnégation qui lui coûtera cher.

Dès 1989, son épouse est assignée à résidence par la junte militaire. Le couple ne se reverra plus ou presque. Les demandes de visa de Michael et de ses deux fils sont systématiquement refusées.

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The Lady, une histoire d'amour hors du communpar Europe1fr

En 1991, c'est accompagné de leurs deux fils, que Michael Aris reçoit le prix Nobel de la paix décerné à Aung San Suu Kyi.

En 1995, Michael découvre qu'il souffre d'un cancer de la prostate en phase terminale. Il parvient à obtenir un visa pour voir son épouse à Noël. Après cette date, malgré les pressions internationales et l’intervention du pape, Michael Aris n'obtient plus de visa.

Il meurt le 27 mars 1999, jour de son 53e anniversaire. Sans avoir revu l’amour de sa vie.