Tepco pourrait être nationalisé

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Jean-Louis Dell'Oro avec agences
L'entreprise qui gère notamment la centrale de Fukushima réclame une aide de 7 milliards d'euros.

Entre libéralisation et nationalisation, le cœur du gouvernement japonais balance. Alors que l'exécutif envisage une dérégulation du marché de l'électricité pour stimuler ce secteur, le ministre de l'Industrie appelle Tepco, le gestionnaire de la tristement célèbre centrale de Fukushima, à considérer toutes les options, y compris une nationalisation temporaire.

Comment expliquer ce paradoxe ? Il faut dire que l'opérateur de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima Daiichi commence à être gourmand en deniers publics. Tokyo Electric Power (Tepco), qui avait déjà réclamé en octobre une avance de l'ordre de 1.011 milliards de yens (10 milliards d'euros), souhaiterait aujourd'hui environ 700 milliards de yens (près de 7 milliards d'euros) d'aide supplémentaire.

Indemniser les victimes

En jeu : l'indemnisation des victimes du désastre de Fukushima, la centrale nucléaire dévastée par le séisme et le tsunami du 11 mars dernier. Tepco justifie cette nouvelle requête par le fait que le champ des victimes à indemniser a été élargi, ce qui a gonflé les montants jugés nécessaires. Car l'accident a entraîné l'émission de quantités massives d'éléments radioactifs dans l'environnement, et forcé l'évacuation de dizaines de milliers d'habitants.

Or, le gouvernement japonais a déjà donné son accord début novembre pour le versement à Tepco de quelque 900 milliards de yens (8,7 milliards d'euros) correspondant à une première tranche de dédommagements. Et ces avances, qui en principe doivent être remboursées par Tepco, commencent à peser lourd dans le budget de l'Etat. D'autant qu'un panel d'experts a estimé à quelque 4.540 milliards de yens (42,5 milliards d'euros) le montant total des compensations que l'entreprise privée devra verser d'ici à mars 2013.

En contrepartie, l'Etat a pour l'instant demandé à Tepco de mettre en place un plan de restructuration comprenant des réductions massives de coûts et des ventes. Mais les pouvoirs publics pourraient carrément nationaliser l'entreprise.

"Nous voulons examiner toutes les possibilités, y compris celle d'une prise de contrôle publique temporaire", a expliqué mardi le ministre de l'Industrie, Yukio Edano, lors d'une rencontre avec le PDG de Tepco. Plusieurs médias japonais ont assuré la semaine dernière que l'Etat envisageait de prendre indirectement le contrôle des deux tiers des parts de la compagnie par le biais d'une augmentation de capital.

Attirer de nouveaux acteurs sur le marché de l'énergie

Le ministre Yukio Edano considère qu'un remodelage complet des finances (modalités de recettes, structure de dépenses) de Tepco s'impose, compte tenu des sommes colossales que le groupe sera forcé de débourser dans les prochaines années.

La catastrophe de Fukushima n'a d'ailleurs pas fini de donner des migraines à l'Etat. Depuis l'incident, les pouvoirs publics ont dû limiter la consommation électrique de l'archipel nippon pour éviter les coupures électriques. Le gouvernement cherche donc aussi à augmenter les capacités de production d'énergie du pays. Et les autorités japonaises réfléchissent à libéraliser le marché en le dérégulant, d'après le journal Yomiuri. L'objectif est d'attirer de nouveaux investisseurs sur le secteur. Le casse-tête de la production d'électricité est plus que jamais d'actualité au Japon.