Syrie : quel est le plan que préparent les Occidentaux ?

David Cameron, Barack Obama et François Hollande préparent une intervention militaire en Syrie. (photo prise au G8, en Irlande du Nord, au mois de juin dernier )
David Cameron, Barack Obama et François Hollande préparent une intervention militaire en Syrie. (photo prise au G8, en Irlande du Nord, au mois de juin dernier ) © Reuters
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Charles Carrasco avec Amandine Alexandre à Londres, Géraldine Woessner à New York et Isabelle Poiraudeau , modifié à
Une intervention en Syrie pourrait avoir lieu après le vote au Parlement britannique et après le retour de la mission onusienne.

L’INFO. Ce n'est plus qu'une question d'heures. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France vont entamer une action militaire en Syrie dans les prochains jours. Les chefs d’état major de plusieurs pays occidentaux et arabes sont actuellement à Amman en Jordanie pour établir le plan de bataille. Mais au sein des principaux pays engagés dans cette coalition de volontaires, des détails ont déjà filtré sur cette opération qui sera courte et ciblée et sans mandat de l'ONU.    

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• VU DE WASHINGTON. Aux États-Unis, il ne manque que le nom de l’opération. Selon le Pentagone, l’armée américaine est prête. La première étape de cette opération est prévue dans les 48 heures, après un vote au Parlement britannique et la mise en sécurité des inspecteurs de l’ONU en Syrie. Selon le New York Times, cinquante cibles pourraient être frappées entre jeudi et dimanche. Une fenêtre étroite pour une opération rapide : deux à trois jours tout au plus, selon des sources au Pentagone. L'intervention serait limitée à des tirs de missiles de croisière Tomahawk depuis les quatre destroyers croisant au large de la Syrie, ont affirmé des responsables de la Maison-Blanche. Ils viseraient principalement, selon la presse américaine, des centres de commandements militaires et les unités qui ont mené sur le terrain les attaques chimiques. Dans la palette d'options militaires dont dispose Barack Obama, le gouvernement américain a d'ores et déjà exclu l'envoi de "troupes au sol". A en croire la presse, cette campagne serait plus modeste que celle conduite au Kosovo ou en Libye parce que l’objectif n’est pas le même. L’opération ne veut pas décapiter ou déstabiliser le régime.

Enfin, d’ici 48 heures, la Maison-Blanche doit publier les preuves contre le régime syrien pour justifier son intervention et récolter le plus de soutiens possibles. Il s’agirait principalement de mouvements d’armes chimiques ou bien encore une conversation téléphonique des Syriens interceptée par le renseignement américain le jour de l’attaque, déjà publiée par le magazine Foreign Policy. Toutes ces preuves seront scrutées attentivement par une opinion publique américaine, encore marquée par le traumatisme de la guerre en Irak.

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VU DE LONDRES. D’après le journal The Telegraph, les Américains et les Britanniques prévoient de tirer une centaine de missiles, principalement depuis des sous-marins américains et britanniques stationnées en Méditerranée. L’attaque commencerait jeudi et ne devrait pas durer plus de 48 heures. Cette attaque éclair viserait le centre de commandement militaire du régime syrien, ses camps d’entraînement, le siège des services secrets. En clair, tous les centres névralgiques du régime d’Assad avec pour le moment, un point d’interrogation concernant l’intensité de ces frappes. Ces informations de presse ne sont pas confirmées par le gouvernement britannique.

David Cameron, qui s’est de nouveau entretenu avec Barack Obama mardi, doit consulter les généraux de l’armée et les chefs de service de renseignement lors d’une grande réunion mercredi. Jeudi après-midi, il s’adressera aux parlementaires. Un débat est prévu. Il sera suivi d’un vote consultatif que Cameron a à cœur de remporter. Le Premier ministre insistera sur le caractère ciblé de ces frappes « légales », insiste Downing Street. Mais les réticences de la classe politique britannique sont très importantes et les sondages montrent que la majorité de la population reste opposé à des frappes militaires.

François Hollande, conférence des ambassadeurs (2)

© CAPTURE D'ECRAN BFMTV

VU DE PARIS. Pour Paris aussi, ce n’est plus qu’une question de jours. L’entourage de François Hollande laisse entendre que les discussions opérationnelles sont très avancées avec les Américains et les Britanniques. Un conseil de Défense s'est tenu mercredi matin. En cas d'action militaire, la participation directe de l'armée française sera effective : il ne s'agira pas seulement d'un appui logistique, selon les informations d'Europe 1. La tendance est à la rapidité d'action et ce sont les Américains qui décideront du moment adéquat. Quant au travail de préparation des opinions publiques, il se poursuit. François Hollande s’est engagé mercredi devant les ambassadeurs à informer les députés dans les meilleurs délais.

Quelle est la stratégie ? Pour Pierre Servent, spécialiste des questions militaires, "les états majors planifient des frappes, sous une contrainte politique très forte des Américains, des Français, des Britanniques", a-t-il expliqué mercredi sur Europe 1. L’idée des Occidentaux est de "ne pas rentrer dans un engrenage militaire ou donner le sentiment d'aider la rébellion sur le plan militaire, mais envoyer un avertissement, punir Bachar al-Assad, bombarder des endroits très précis liés à l'usage de l'arme chimique", a-t-il assuré. Le leadership américain dans ce dossier est normal, selon Pierre Servent. "Ils ont le maximum de matériel en Méditerranée, des missiles de croisière qui ont une allonge de 2.000 km pour frapper sans risquer de contre-tirs. Ils cherchent à élargir au maximum avec la Syrie, l'Arabie Saoudite, pour ne pas donner le sentiment d'une croisade contre les chiites et les Alaouites de Bachar al-Assad", a-t-il décrypté.

"Une campagne courte sur des endroits très ciblés"par Europe1fr