Sexe : la nonne qui choque le Vatican

Soeur Farley a enseigné 40 ans à l'Université de Yale. © Capture Yale
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Assiya Hamza , modifié à

Cette religieuse américaine a prôné la masturbation féminine dans un ouvrage de 2006.

Elle brise tous les tabous. Une nonne américaine, soeur Margaret Farley, s'est attirée les foudres du Vatican lundi pour avoir publié, en 2006, un ouvrage intitulé Just Love - A Framework for Christian Sexual Ethics (Juste l'amour, un cadre pour l'éthique sexuelle chrétienne) dans lequel elle prône la masturbation féminine mais défend aussi le mariage gay, raconte le New York Times.

"Sœur Farley manifeste une compréhension défectueuse de la nature objective de la loi morale naturelle. Cette approche n'est pas compatible avec la théologie catholique authentique", a dénoncé lundi le Siège par la voix de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui a donc mis six ans pour statuer sur ce cas.

Un livre d'un genre "différent"

Professeure émérite d'éthique chrétienne à l'université de Yale, aujourd'hui à la retraite, Margaret Farley s'est pourtant toujours défendue d'avoir écrit ce livre à des fins éducatives. "Je ne conteste pas le fait que certaines des positions qu'il contient ne sont pas en accord avec l'enseignement catholique officiel actuel. Je ne peux cependant que préciser que le livre n'était pas destiné à être une expression du courant enseignement catholique officiel, et encore moins destiné spécifiquement contre cet enseignement. Il est d'un genre tout à fait différent ", s'est expliquée Margaret Farley dans un communiqué publié sur le site de la prestigieuse université de Yale.

Le livre offre simplement "des interprétations contemporaines" de la justice et de l'équité des relations sexuelles, s'éloignant d'une "moralité taboue" et en s'appuyant sur "les ressources scientifiques, philosophiques, théologiques et bibliques d'aujourd'hui", insiste soeur Farley.

La masturbation "sert les relations"

Si les interprétations de la religieuse collent effectivement à la société contemporaine, elles viennent bel et bien ébranler la doxa catholique déjà divisée sur des questions comme le port du préservatif. Soeur Farley affirme ainsi que la masturbation permet à de nombreuses "femmes de découvrir leurs propres potentialités de plaisir, quelque chose que certaines n'ont pas expérimenté ni même connu dans la relation sexuelle ordinaire avec leurs maris. Elle sert les relations plus qu'elle ne les entrave".

Pour lutter contre la stigmatisation des homosexuels, la religieuse se positionne en faveur du mariage gay. "Les homosexuels doivent être respectés, tout comme leurs actes", plaide la théologienne selon le site ABC News. L'Eglise affirme quant à elle que reconnaître le mariage homosexuel serait non seulement une reconnaissance d'un "comportement déviant" mais aussi une "atteinte aux valeurs traditionnelles du mariage entre un homme et une femme".

Autre pavé dans la mare catholique : le divorce. Soeur Farley  y voit une solution pour les couples en perdition. Une fois de plus, cette position est contradiction totale avec le dogme de l'Eglise catholique sur l'"indissolubilité du mariage".

Des tensions déjà vives avec le Vatican

Cette polémique intervient alors que le temps est déjà à l'orage entre le Vatican et les religieuses américaines. Le mois dernier, le Saint-Siège a accusé la plus grande organisation de soeurs du pays, The Leadership Conference of Women Religious, de prêcher des idées "féministes radicales" incompatibles avec le catholicisme, rappelle The Raw Story. Trois évêques doivent même être dépêchés pour revoir la copie du statut des 57.000 nonnes américaines. Un projet qui a provoqué "le scandale et la douleur" des religieuses. Une pétition de soutien a déjà d'ores et déjà recueilli 50.000 signatures.