Russie : Navalny prend de la prison avec sursis

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avec AFP , modifié à
POUR L'EXEMPLE - L'opposant principal de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, a été condamné à trois ans et demi de prison avec sursis. Il a appelé ses partisans à descendre dans la rue.

L'INFO. L'opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny, a été reconnu coupable mardi par la justice russe de détournement d'argent au détriment d'une filiale de la société française Yves Rocher. Au terme d'une lecture inhabituellement rapide du jugement, il a été condamné à trois ans et six mois de prison avec sursis par un tribunal de Moscou.

Prison ferme pour son frère. Son frère Oleg a, quant à lui, écopé de trois ans et demi de prison ferme. Ce dernier a également été reconnu coupable d'avoir détourné de l'argent.

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Une "pression" politique. A l’énoncé du jugement, Alexeï Navalny a dénoncé la condamnation ferme de son frère, accusant la justice russe de vouloir ainsi faire "pression" sur lui. "Pour quel motif vous le mettez en prison? C'est quoi cette saloperie?", s'est exclamé l'opposant, martelant la table de ses poings avant de saluer son frère, emmené par des policiers.

Une manifestation prévue ce soir. "Ce pouvoir ne mérite pas d'exister, il doit être détruit", a lancé Alexeï Navalny, appelant ses soutiens à descendre dans la rue pour protester. Un appel à manifester circulait déjà sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, où plus de 18.000 personnes ont annoncé leur participation à un rassemblement prévu ce soir au pied des murailles du Kremlin. Alexeï Navalny a été arrêté par les autorités en chemin pour ce rassemblement.

Une manifestation dont la mairie de Moscou ne veut pas entendre parler. "En accord avec la loi, les forces de l'ordre empêcheront toute manifestation non autorisée. Il n'y a pas d'autre alternative", a déclaré un responsable de la mairie de Moscou à l'agence de presse russe Interfax. 

Ses partisans ont annoncé qu'Oleg Navalny avait été pris en "otage" par le gouvernement russe, comme le rapporte le journaliste du New York Times

Une peine de dix ans requise. Les condamnations des frères Navalny constituent d'autant plus une surprise que le parquet russe avait requis au départ une peine de huit ans de prison pour Oleg Navalny, moindre que celle requise contre l'opposant, dix ans de prison."De tous les jugements qui auraient pu être rendus, celui-ci était le plus lâche", a dénoncé l'opposant sur son compte Twitter.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a fustigé un jugement qui vise à "punir Alexeï Navalny lui-même" et à "prévenir les voix indépendantes qu'elles peuvent s'attendre à une plus forte répression en 2015". Le Kremlin s'est pour sa part refusé à tout commentaire.

La plainte d'Yves Rocher abandonnée. L'entreprise française Yves Rocher avait déposé plainte, avant, finalement de la retirer, affirmant par la voix de Christian Melnik, directeur financier de sa filiale russe, n'avoir subi "aucun dommage" à la suite de sa collaboration en 2008 avec la société de transport des frères Navalny, Glavpodpiska.

Le jugement avancé. La peine devait être prononcée le 15 janvier. Mais le tribunal avait annoncé lundi avancer l'énoncé du jugement, arguant avoir "déjà eu le temps de le rédiger", selon la porte-parole du tribunal. En rendant un jugement juste avant le Nouvel an, les autorités profitent de la longue période de jours fériés du 1er au 11 janvier, quand nombre de Russes quittent la capitale.