Quand le Kremlin "harcèle" les ONG

Les locaux d’associations et de l’Alliance française ont été contrôlés par les autorités russes.
Les locaux d’associations et de l’Alliance française ont été contrôlés par les autorités russes. © Reuters
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avec agences , modifié à
Les locaux d’associations et de l’Alliance française ont été contrôlés par les autorités russes.

L’ACTU. Les ONG n’ont décidément pas les faveurs du Kremlin. Vues comme des ennemies du pouvoir, les organisations non gouvernementales, telles que Amnesty International, ont "reçu" d’étranges visites ces derniers jours. Plusieurs bureaux de l'Alliance Française - institution privée chargée de diffuser la culturelle française par le ministère des Affaires étrangères - ont également été contrôlés, a-t-on appris mardi.

Une campagne officielle de vérification. Au total, une centaine d'associations, dont la principale ONG des droits de l'homme en Russie, Memorial, ainsi que Amnesty International, ont subi ces contrôles. Des représentants du parquet et de l'administration fiscale sont entrés dans les bâtiments de ces organisations, accompagnés par une équipe de la chaîne de télévision d'État, NTV, connue pour ses reportages coup de poing visant à discréditer l'opposition.Ces inspections interviennent dans le cadre d'une campagne de "vérification", liée à une nouvelle loi qui oblige les ONG bénéficiant d'un financement étranger et ayant une activité politique à se faire inscrire sur un registre "d'agents de l'étranger" et à se présenter en tant que tels dans toute activité publique.

Or, les responsables d'ONG, comme Memorial, refusent de s'inscrire sur le registre des "agents de l'étranger", comme le stipule la loi. "Cela revient à être estampillés 'espions' ou encore 'personne qui cherche à déstabiliser la pays'", décrypte Geneviève Garrigos, la présidente d’Amnesty International France. Mais ces associations risquent, si elles ne se font pas enregistrer, une peine allant jusqu'à deux ans de camp.

Un "harcèlement". Memorial a dénoncé ces visites inopinées "sans précédent" effectuées dans ses locaux à Moscou, jeudi dernier et mardi. "La première fois, ils n'avaient pas saisi tous les documents" qu'ils cherchaient, a expliqué la porte-parole de l'ONG Ioulia Klimova à l'agence Interfax. Idem pour Amnesty International qui dénonce "un harcèlement". "Les documents que les agents ont saisis dans nos locaux, ils les possédaient déjà", avance Geneviève Garrigos, d’Amnesty International , interrogée par Europe1.fr.

Que veut le pouvoir russe ? En frappant fort et en amenant avec eux une équipe de la chaîne de télévision d'État, les agents du Kremlin espèrent faire passer un message fort aux ONG étrangères mais aussi aux Russes, affirment ceux qui ont été visés. "C’est clairement un durcissement du régime de Vladimir Poutine qui essaie aujourd’hui de faire taire les ONG qui traitent des droits de l’Homme", estime la présidente d’Amnesty International. "Mais c’est aussi une manière de dire aux Russes : attention, si vous vous rapprocher de ces organisations, vous serez vous aussi sous les feux des projecteurs", conclut-elle.