Qatar : le "travail forcé" des ouvriers du Mondial

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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
Amnesty International pointe du doigt, dans un rapport rendu public dimanche, une situation "alarmante" des travailleurs.

L'INFO. Amnesty International a dénoncé une exploitation "alarmante" des travailleurs immigrés au Qatar et appelé ce pays à saisir l'occasion du Mondial-2022 qu'il organise pour prouver son respect des droits de l'Homme. Dans un rapport rendu public dimanche lors d'une conférence de presse à Doha, l'organisation de défense des droits de l'Homme a également exhorté la Fifa à faire pression sur le richissime émirat gazier pour qu'il améliore les conditions des ouvriers étrangers, majoritairement asiatiques. "Il est simplement inexcusable que tant de travailleurs immigrés soit impitoyablement exploités et privés de leur salaire dans l'un des pays les plus riches du monde", a fait savoir Salil Shetty, le secrétaire général d'Amnesty.

Du "travail forcé". Le rapport estime que l'exploitation des ouvriers "s'apparente dans certains cas à du travail forcé". "La Fifa a le devoir d'adresser un message fort selon lequel elle ne tolèrera pas les violations des droits de l'Homme sur les chantiers liés à la Coupe du monde" de football, a-t-il dit. Le président de la Fifa Sepp Blatter avait indiqué au terme d'une visite le 9 novembre à Doha que les responsables du Qatar avaient promis que "les lois sur le travail seront amendées ou sont déjà en cours d'amendement".

Des engagements à respecter. Le Qatar, engagé dans un ambitieux chantier de plusieurs milliards de dollars pour accueillir le Mondial-2022, a été la cible d'une campagne de la presse étrangère et d'ONG l'accusant d'exploiter les travailleurs sur ces chantiers. "Le Qatar va être sous le feu des projecteurs dans la perspective du Mondial-2022, ce qui donne au gouvernement une occasion unique de prouver au monde qu'il est sérieux dans son engagement à respecter les droits de l'Homme et qu'il peut servir de modèle pour le reste de la région", a ajouté Salil Shetty.

Qatar-constructions

Des nombreux abus. Dans son rapport, fruit d'une longue et laborieuse enquête, Amnesty cite divers abus contre les expatriés au Qatar, incluant "le non-paiement de salaires, des conditions de travail dures et dangereuses, et des conditions de logement scandaleuses", parfois sans climatisation dans une chaleur étouffante. L'organisation souligne que "des dizaines" de travailleurs étrangers ont été bloqués pendant des mois par leurs employeurs au Qatar, seul pays du Golfe, outre l'Arabie saoudite, à imposer des permis de sortie aux expatriés.

Des mauvaises conditions de travail. En outre, plusieurs ouvriers au Qatar ont dénoncé de mauvaises conditions de sécurité et d'hygiène, selon le rapport. Il cite un responsable du principal hôpital de Doha selon lequel "plus de 1.000 personnes ont été admises en 2012 dans l'unité de traumatologie à la suite de chutes au travail". Parmi ces cas, 10% ont été handicapés et "le taux de mortalité était significatif", indique le rapport. Il ne confirme cependant pas les informations du quotidien britannique The Guardian, selon lequel 44 ouvriers sont morts entre juin et août sur les chantiers, ce que les autorités ont démenti.

Le Qatar nie tout esclavagisme. De son côté, le Qatar a indiqué avoir mandaté un cabinet d'avocats international pour enquêter sur les allégations d'abus, mais a rejeté les accusations d'esclavagisme moderne.

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