Polanski "n'acceptera pas d'être extradé"
C’est ce qu’affirme l’avocat du cinéaste, emprisonné en Suisse depuis la fin du mois de septembre et réclamé par les Etats-Unis.
Par la voix de son avocat, Roman Polanski a fait savoir vendredi qu’il ne baissait pas les bras. Selon Me Hervé Temime, interviewé par Le Figaro , le cinéaste, détenu en Suisse depuis le 26 septembre dernier, "n'acceptera pas d'être extradé aux Etats-Unis", où il est suspecté, en 1977, d’avoir eu des relations sexuelles avec une jeune fille âgé de 13 ans.
"Nous soutenons que Roman Polanski a déjà purgé sa peine en se soumettant, dès 1978, à des tests psychologiques menés en milieu fermé durant quarante-deux jours. Par ailleurs, nous soulevons le problème de la prescription qui, s'il n'est pas abordé par la convention d'extradition liant la Suisse et les États-Unis, se pose indéniablement au regard des principes généraux du droit. Nous soutenons enfin que M. Polanski n'a pas fait l'objet d'un procès loyal à Los Angeles. Pour toutes ces raisons entre autres, sa position demeure invariable : il n'acceptera pas d'être extradé aux Etats-Unis", argumente longuement Me Temime.
Reste à déterminer quelle est la marge de manœuvre exacte de Roman Polanski dans ce dossier. Il y a quelques semaines, un de ses proches, Me Georges Kiejman, avait glissé pour la première fois que le cinéaste pourrait aller "s’expliquer" aux Etats-Unis. Invité sur Europe 1, il avait notamment mis en avant la "lettre admirable de la victime, écrite il y a une dizaine d’années qui disait combien un procès public lui serait beaucoup plus préjudiciable à elle encore qu’à Roman, auquel elle avait totalement, définitivement pardonné, et dont elle souhaitait le retour en totale liberté aux Etats-Unis."
Une audience sur le sort de Roman Polanski doit avoir lieu le 10 décembre prochain aux Etats-Unis, le pays qui a émis le mandat d’arrêt. Le Tribunal pénal suisse de Bellinzone a également fait savoir mardi qu’il se prononcerait "d'ici deux à trois semaines" sur un recours présenté le 3 novembre par Roman Polanski concernant une demande de mise en liberté provisoire. Une requête qui a jusqu’à présent toujours été rejetée par le ministère suisse de la Justice.