Pékin : paranoïa à l’heure du Congrès

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avec Emmanuel Faux, envoyé spécial d'Europe 1 à Pékin et agences , modifié à
ROMAN PHOTOS - La ville a été placée sous haute surveillance et les habitants réquisitionnés.

Pékin mise entre parenthèses. Alors que tout le gratin du PCC est réuni pour le 18e Congrès du  parti place Tienanmen, c’est tout une ville qui a été placée sous haute surveillance pour assurer le bon déroulement de cette grand messe politique.

Surveillance rapprochée. L'obsession sécuritaire du régime atteint son comble ces derniers jours à Pékin avec la mobilisation de centaines de milliers de "volontaires" à l'affût de tout mouvement suspect dans la capitale pour le Congrès du Parti communiste chinois.

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Vous avez dit volontariat. "Volontaire ? Ils m'ont priés de l'être", râle Zhang Weilin, un vigile de 25 ans d'un centre commercial du centre de la capitale, dans son treillis "camouflage" deux fois trop grand, décoré d'un écusson "US Army Airborne". "Mon entreprise de gardiennage nous a donné ces uniformes et nous a tous portés volontaires pour le Congrès", raconte-t-il sous la pluie glaciale tombée sur Pékin samedi.

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Tout le monde participe. Aux centaines de policiers en civil et en uniforme qui bouclent les alentours de la place Tienanmen et du Palais du peuple, haut-lieu de la passation de pouvoir en cours au Congrès, sont venus s'ajouter quelque 1,4 million de "volontaires de l'ordre public" - retraités, balayeurs de rue, pompiers et autres vigiles privés - priés de signaler quiconque serait susceptible de venir troubler l'événement.

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Le "maillage sécuritaire". Le budget des forces de l'ordre pour le maintien de la "stabilité sociale" a littéralement explosé, atteignant 111 milliards de dollars en 2011 et dépassant celui, déjà conséquent, de l'armée. Depuis sa fondation en 1949, le régime s'appuie en outre sur un "maillage sécuritaire" qui exige des citoyens ordinaires de dénoncer toute atteinte, réelle ou supposée, à l'ordre communiste, tout particulièrement lors des Congrès du PCC, qui reviennent tous les cinq ans.

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Pas d’argent mais du savon. Si l'argent coule à flot pour l'appareil sécuritaire du pays, les "volontaires" mobilisés n'en voient pourtant guère la couleur. "Si les "fonds pour le maintien de la stabilité" sont versés, à tous les coups, c'est pour le comité de quartier. On n'en verra jamais rien", regrette Chen, un ouvrier retraité. A la place, ils seront remerciés avec des uniformes, du savon en poudre ou de l'huile de cuisine, pour les longues heures passées aux coins des rues dans le froid de novembre.

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