Objectifs du millénaire, il y a du retard

  • Copié
Fabienne Cosnay , modifié à
La lutte contre le sida avance. A l'inverse, le taux de mortalité maternelle est encore élevé.

Les chefs d’Etat et de gouvernement se retrouvent lundi au siège des Nations-Unies à New York. Pendant trois jours, ils feront le point sur les objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Un programme phare de l'ONU mis en place en 2000 et qui fixe aux Etats des obligations à remplir, d’ici 2015.

Quels sont les OMD ?

Réduire la pauvreté. Lors d’une assemblée générale, en décembre 2000, 189 Etats membres des Nations Unies se sont engagés via des objectifs et un calendrier précis. Le principal objectif du millénaire est de réduire de moitié d'ici à 2015 la proportion de la population vivant sous le seuil de "l'extrême pauvreté" (dont le revenu est inférieur à 1,25 dollars par jour). Cet objectif vise également à réduire de moitié le taux de la population qui souffre de la faim.

Les autres OMD. Sept autres objectifs ont été adoptés par les Etats. Certains fixent des objectifs à atteindre, sans toutefois donner des contraintes aux Etats (assurer l’éducation primaire pour tous les enfants, promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomie des femmes, préserver l'environnement combattre le VIH). D’autres sont plus précis et sont constitués d'une ou plusieurs "cibles", avec des statistiques précises à atteindre. Comme faire réduire de deux tiers, par rapport à 1990, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans ou réduire de trois quarts, par rapport à 1990, le taux de mortalité maternelle. Le 7e OMD fixe comme objectif d’améliorer, d’ici à 2020, les conditions de vie de 100 millions d’habitants des taudis.

Où en est-on ?

Les progrès. "Il faut reconnaître des avancées considérables, notamment à l’égard des enfants", explique sur Europe 1 Luc Lamprière, directeur général d’Oxfam France. 33 millions d’enfants supplémentaires ont eu accès à l’éducation par rapport à 2000. L’objectif le plus réussi est celui visant à lutter contre les pandémies (VIH et paludisme). Les deux épidémies se sont en effet stabilisées dans les régions les plus touchées et l’accès aux médicaments antirétroviraux s’est amélioré (deux fois plus de personnes y ont accès par rapport à 2003).

Le retard. Le taux de mortalité maternelle est en revanche encore très élevé. "Chaque jour, près de 1.000 femmes décèdent au moment de leur accouchement. C’est l’OMD il y a le plus de retard" déplore Luc Lamprière. Même constat pour la sous-nutrition. En 2010, 16% de la population mondiale est encore sous-alimentée.

Le bilan. "Aujourd’hui, il faut reconnaître qu’on est très en retard, notamment en Afrique subsaharienne" souligne Luc Lamprière. Il sera d’autant plus difficile d’obtenir les OMD d'ici 2015 sachant que la plupart des pays ont revu à la baisse leur financement. En 2005, lors du sommet de Gleneagles, les pays riches s'étaient engagés à investir 0,7% de leur PIB à l'aide publique au développement d'ici 2015. Aujourd'hui, seuls la Suède, la Norvège, le Danemark, le Luxembourg et les Pays-Bas ont atteint cet objectif. La France et le Brésil demandent l'instauration d'une taxe sur les billets d'avion et sur les transactions financières, afin de dégager des ressources.