Moscou : une gay pride de 5 minutes

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Malgré l’interdiction, les militants ont défilé dans les rues de la capitale russe.

Comme chaque année, la manifestation avait été interdite. Mais défiant des autorités hostiles, des militants de la cause homosexuelle ont réussi samedi pour la première fois à organiser brièvement et sans accroc une gay pride dans Moscou. Un bref défilé qui a eu lieu au terme d'une insolente partie de cache-cache avec la police anti-émeute et grâce à une logistique "paramilitaire".

Pour cette cinquième gay pride dans la capitale russe, interdite comme les précédentes par un maire ouvertement homophobe, les défenseurs des droits des homosexuels étaient déterminés à éviter la confrontation, ainsi que les arrestations et les coups qui ont coutume de l'accompagner.

De ruse en ruse

Annoncée de longue date, la journée avait pourtant mal commencé. Vers 10 heures samedi matin les abords de la station de métro où rendez-vous avait discrètement été donné aux journalistes grouillaient déjà de policiers anti-émeute prêts à en découdre. En revanche, aucun militant gay n'était en vue.

Forts de leur expérience, les organisateurs ont par la suite fait savoir qu'ils n'avaient jamais envisagé de mener l'action à cet endroit. Mais ils ont aussi reconnu ne pas avoir prévu que le jeu de cache-cache qui s'en est suivi occuperait militants, policiers et journalistes pendant toute la matinée, pour se solder par une "gay pride" d'à peine cinq minutes.

"C'est une bataille pour les droits des homosexuels qui se joue", explique une Russe dans ce reportage de Russia Today:

Cache-cache géant dans Moscou

Nécessité fait loi, ont-ils expliqué en substance: "Les années précédentes, (la police) avait réussi à nous pister. (...) On joue au chat et à la souris mais nous, nous sommes agiles comme des souris et malins comme des chats", s'amuse Louis-Georges Tin, un militant français venu spécialement à Moscou pour soutenir la cause homosexuelle. "C'est paradoxal : pour un événement pacifique, nous sommes obligés d'avoir une organisation paramilitaire", souligne-t-il.

De fait, nombre de journalistes venus couvrir l'événement ont été déconcertés par le jeu de piste dans lequel ils se sont retrouvés embarqués et qui les a entraînés successivement sur un parking de supermarché en banlieue, puis dans un long trajet en minibus sur le périphérique extérieur avant enfin de revenir au centre ville, où la parade s'est finalement déroulée près de la gare de Belorouskaïa.

Après environ quatre heures de partie de cache-cache, les journalistes ont finalement pu gagner au pas de gymnastique le lieu de la "gay pride", somme toute assez modeste : une trentaine de jeunes militants au pas de course qui portaient un long drapeau aux couleurs de l'arc-en-ciel et scandaient des slogans. Mais au bout de quelques minutes à peine et de 200 mètres de parcours, l'"opération commando" a été déclarée terminée. Les militants ont replié à la hâte leur drapeau avant de s'égailler dans la nature. Ils ont gagné la partie de cache-cache : la police n'est arrivée sur place que dix minutes plus tard et aucune arrestation n'a eu lieu.