Merkel, une dirigeante sous pression

La chancelière allemande affronte, dimanche, une difficile élection régionale dans la Rhénanie du Nord-Westphalie. © REUTERS
  • Copié
Stéphanie de Silguy

La chancelière allemande affronte, dimanche, une difficile élection régionale dans la Rhénanie du Nord-Westphalie.

Elections législatives en Grèce, scrutin présidentiel en France. L'Allemagne, elle, organise ses dernières élections régionales avant les législatives prévues en septembre 2013.  Un défi qui met sous pression la chancelière Merkel.

Angela Merkel affronte en effet dimanche une élection difficile dans un bastion traditionnel de la gauche, la Rhénanie du Nord-Westphalie. La coalition fédérale libérale-conservatrice qui tente d'imposer à l'Europe sa rigueur économique a déjà essuyé un revers dimanche dernier au Schleswig-Holstein, dans le nord du pays, après une année électorale 2011 noire.

Nouvelle défaite de la CDU dimanche ?

La Rhénanie du Nord-Westphalie, "NRW", est un poumon industriel qui abrite le siège de neuf entreprises cotées au DAX, l'indice vedette de la bourse de Francfort. Crédité de 38% des voix, le Parti social-démocrate (SPD) fait figure de favori dans cet état le plus peuplé d'Allemagne avec 18 millions d'habitants. Pour gagner, il devra cependant créer une coalition avec un ou plusieurs partenaires.

Les conservateurs de la CDU, le parti d'Angela Merkel, culminent de leur côté à environ 30%. Les Verts sont crédités de 11% des intentions de votes, selon les derniers sondages, tandis que le FDP, en pleine déroute depuis 18 mois, devrait parvenir à dépasser la barre des 5% de voix nécessaires pour entrer au Parlement régional. Les regards se tourneront également vers le jeune mouvement contestataire, le Parti des Pirates, trouble-fête du jeu politique et entré dans trois parlements régionaux en l'espace de neuf mois.

Une chancelière droite dans ses bottes

Face à ses problèmes de politique intérieure et malgré son image de "Dame de fer", Angela Merkel a dû faire quelques concessions ces derniers jours. Elle a notamment dû accepter un report du calendrier de ratification du pacte budgétaire. Prévu le 25 mai prochain, le vote ne devrait pas avoir lieu avant la mi-juin.

A contrario, sur la scène internationale, la chancelière campe sur ses positions. Jeudi, Angela Merkel s'est encore montrée inflexible devant les députés."Une croissance à crédit nous ramènerait au début de la crise. Nous ne le voulons pas, nous ne le ferons pas", a-t-elle insisté. Selon un diplomate en poste à Berlin, "tout lui échappe d'un seul coup. Elle sent qu'elle perd la main, et comme elle perd la main, elle a tendance à bétonner". Lundi, Angela Merkel avait d’ailleurs réaffirmé son opposition à la « renégociation » du Pacte budgétaire.

Une Allemagne moins rayonnante

Après des années de sacrifices sur les salaires tacitement acceptés par les syndicats au nom de la compétitivité du pays et de la baisse du chômage, les conflits sociaux se sont multipliés ces dernières semaines dans le pays.  "Les élections de dimanche ne sont pas la défaite de Merkel, mais celle des gouvernements français et grecs", soulignait Lüder Gerken, directeur du Centre pour la politique européenne à Fribourg. Il reconnaissait pourtant : "Vraisemblablement, la position en faveur des réformes structurelles défendue par Merkel et Sarkozy est affaiblie, car Sarkozy n'est plus là. C'est une position plus difficile pour Merkel."

Malgré ces difficultés, Angela Merkel reste la personnalité politique la plus populaire en Allemagne . Ses concitoyens lui sont gré de prôner l'austérité budgétaire pour soigner la zone euro mal en point. Sa formation conservatrice reste aussi le premier parti avec 35% des intentions de vote, contre 27% au SPD, selon un sondage  publié mercredi par le quotidien Bild.