Londres endeuillée, l’extrême droite ravivée

Une centaine de partisans de l'English Defence League ont défilé mercredi soir.
Une centaine de partisans de l'English Defence League ont défilé mercredi soir. © CAPTURE D'ECRAN YOUTUBE
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ZOOM - Le meurtre de Woolwich a suscité une "marche" de l’English Defense League.

L’info. Depuis mercredi, le compte Twitter de l’English Defence League, un groupuscule britannique d’extrême-droite, connaît un surcroît d’activité. Après le meurtre barbare d’un soldat britannique en pleine rue à Londres, l’extrême-droite s’active pour tenter de récupérer cette attaque, la première à mobile apparemment islamiste dans le pays depuis 2005. Mercredi soir, ils ont organisé un rassemblement sur le lieu du crime et se sont attaqués à des mosquées.

> L'INFO : Un soldat massacré en pleine rue

Une manifestation improvisée. Ils étaient une centaine à manifester dans les rues de Woolwich mercredi soir, là où deux hommes au discours fanatique ont massacré un soldat. Certains portaient des cagoules, d’autres avaient carrément revêtu une tenue paramilitaire, rapporte la chaîne Channel 4. Les manifestants ont aussi brandi des drapeaux ornés de la croix de Saint-George. Hurlant leur colère contre les immigrés, ils ont aussi lancé des pierres sur les policiers.

Ailleurs dans le pays, deux hommes ont été arrêtés pour deux attaques séparés sur des mosquées, dans l’Essex et dans le Kent.

Les violences à Woolwich :

Des tweets incendiaires. Les manifestants répondaient à l’appel de leaders d’extrême-droite, dont Tommy Robinson. Ce dirigeant de l’English Defence League a posté de nombreux messages sur son compte Twitter, se disant notamment persuadé que les deux suspects allaient finir en prison, "et seraient traités en héros par les autres détenus musulmans".

"Ces deux pourritures vont finir à la prison [de haute-sécurité] de Belmarsh et ils seront traités en héros par les autres détenus musulmans".

"Ils coupent les têtes de nos soldats. C’est cela l’islam", a-t-il aussi lancé, selon The Guardian. Quant à Nick Griffin, le patron du British National Party (BNP), un parti nationaliste anti-immigration très controversé,  il a lui aussi appelé à manifester, exprimant sa "colère" et son "dégoût" face à un "meurtre musulman".

"En colère et dégoûté par le meurtre de Woolwich ? Rejoignez le BNP aujourd'hui et défendez-vous".

Sur son site, le BNP appelle même le Royaume-Uni à choisir entre "renvoyer les musulmans chez eux" ou "glisser vers une guerre civile".

> PROFIL : Qui sont les tueurs de Woolwich ?

Les organisations musulmanes inquiètes. Devant ce déluge de propos anti-islam, les organisations musulmanes britanniques ont exprimé leur inquiétude. Julie Siddiqi, de la Société islamique de Grande-Bretagne, a souligné auprès du Guardian que la communauté musulmane avait très rapidement condamné le meurtre du soldat. En vain : pour Fiyaz Mughal, de l’association Faith Matters, "des groupes comme l’EDL ont capitalisé sur cet incident, à la fois dans la rue et en ligne", a-t-il expliqué à la BBC. Il a même vu son adresse personnelle postée sur Twitter, accompagnée d’une invitation à aller le tuer. Il s’attend à un regain d’activité des organisations d’extrême-droite dans les jours qui viennent, et a déjà pris contact avec les mosquées et la police en vue des prières du vendredi.