Les mineurs chiliens ne sont plus à la fête

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Un an après leur sortie de la mine, les 33 mineurs chiliens n'ont pas tous retrouvé une vie normale.

Les sourires qui inondaient leur visage le jour de leur sortie ont disparu. Un an après avoir été sorti de la mine où ils étaient enfermés depuis le 5 août, devant les caméras du monde entier, les mineurs chiliens n'ont pas retrouvé leur vie paisible d'avant.

Fin septembre, seuls quatre avaient retrouvé les sous-sols miniers, tandis que sept étaient toujours en arrêt maladie et quinze autres au chômage. Et leur état psychologique s'avère aussi fragile que leur vie professionnelle...

Le Dr Gillibrand, psychiatre de la mutuelle qui couvrait les mineurs de San José a étudié leur cas. Selon lui, un tiers des 33 mineurs vont bien, un tiers moyennement, et le dernier tiers vont mal. "Ce dernier groupe souffre de stress post-traumatique. Ils sont anxieux, très nerveux. Ils s'emportent facilement, ont tendance à pleurer ou à s'isoler. Et ont des problèmes de sommeil", explique-t-il dans une interview au Figaro.

"Je m'énerve vite, je n'ai pas de patience"

Ceux qui ne sont plus en arrêt maladie souffrent autant. Si certains poursuivent à leur frais des traitements psychologiques, la plupart d'entre eux font face seul à ce changement de vie radical. "Un an après, je dors encore mal, pas plus de cinq heures par nuit. Surtout, l'enfermement m'a changé : je m'énerve vite, je n'ai pas de patience. Du coup, on se dispute souvent avec ma femme. Avant je n'étais pas comme ça", témoigne Richard Villarroël, l'un des mineurs enfermé.

La rupture avec la vie passée s'est traduite pour certains mineurs par une rupture totale avec leur femme ou même leur famille. "Avoir approché la mort et senti la vulnérabilité de l'homme change la vision du monde et la façon de l'affronter. Cela complique le rapport à l'autre", ajoute le Dr Gillibrand dans les colonnes du quotidien.

La richesse imaginée est bien loin

Contrairement à une idée reçue, les mineurs chiliens ne sont pas riches. "Notre problème, c'est qu'on ne trouve pas de travail. Les patrons de la région nous disent 'non, tu as des problèmes psychologiques' ; ou 'pourquoi veux-tu travailler si tu as tant d'argent ?' Ils se trompent", explique ainsi Osman Araya.

Pour sa part, ce mineur de 31 ans n'a reçu que les 13.000€ offerts par un milliardaire et l'entreprise qu'il a lancée a rapidement périclité. Aujourd'hui, il travaille "quelques jours par-ci, par-là, à peine de quoi payer les factures". Désabusé, le mineur constate : "On a tous voyagé aux quatre coins du monde (États-Unis, Israël, Grèce…). Mais au retour, il n'y a rien à mettre dans la casserole".

Même parmi ceux qui s'en sont mieux tirés, la rechute n'est pas loin. Edison Pena, qui avait rebondi en faisant le show dans des émissions télé, vient d'entrer dans un centre spécialisé pour lutter contre son addiction à l'alcool et aux drogues.