Les cinq visages d’Ariel Sharon

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PORTRAIT - Pilier de la droite israélienne, l’ancien Premier ministre était aussi un chef de guerre.

L’INFO. Ariel Sharon avait un rêve, celui du "Grand Israël". Le pilier de la droite israélienne, qui s’est éteint samedi à l’âge de 85 ans, après avoir passé près de huit ans dans le coma, n’aura pas vu son projet aboutir, au terme d’une carrière militaire et politique qui lui a valu plus de critiques que de louanges. Surnommé "le lion", ce militaire de formation à la carrure imposante a été de tous les fronts. Europe1.fr revient sur le long parcours de ce faucon aux multiples facettes.

Le chef militaire pugnace. Ses parents quittent la Russie au début des années 1920 pour s’installer près de Tel Aviv. C’est quelques années plus tard que naît Ariel Sharon, en février 1928 en Palestine mandataire. Adolescent, il rejoint la Haganah, l’armée secrète juive. En 1949, il se voit confier la direction du commando 101, une unité qui s’illustre avec une attaque sanglante contre le village jordanien de Qibya.

Lors de la crise de Suez, en 1956, il parvient à prendre un col stratégique, celui de Mitla, dans le Sinaï. Mais son vrai fait d’arme remonte à 1967, pendant la guerre des Six Jours, quand il mène l’offensive dans le Sinaï. Ariel Sharon quitte ensuite brièvement l’armée, qui le rappelle en 1973, en pleine guerre de Kippour. Une nouvelle fois, cet homme admiré pour ses qualités militaires mais critiqué pour son côté autoritaire, part au combat dans le Sinaï et parvient à encercler les troupes égyptiennes.

Le responsable indirect de Sabra et Chatila. La même année, le général est élu à la Knesset, puis devient ministre de l’Agriculture. En 1982, il est ministre de la Défense. C’est lui qui prépare et conduit l’invasion du Liban voisin. En septembre de cette année, des phalangistes chrétiens, alliés d’Israël, massacrent des réfugiés palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila. Une commission d’enquête conclura un an plus tard à la responsabilité d’Ariel Sharon pour n’avoir ni prévu, ni empêché les tueries. Le ministre démissionne. S’il reste député de la Knesset jusqu’en 2006, il se retire du devant de la scène et en revient au gouvernement qu’en 1990.

Ariel Sharon. Israël.

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Le Premier ministre intransigeant. Il s’impose progressivement comme une figure incontournable de la vie politique israélienne, occupant le poste de ministre des Affaires étrangères en 1998 et prenant la tête du Likoud, le grand parti de droite, en 1999. Le 28 septembre 2000, il se rend sur l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem-est. Sa visite met le feu aux poudres et la deuxième Intifada éclate le lendemain.

En février 2001, Ariel Sharon devient Premier ministre, puis il est reconduit en 2003, à la faveur d’élections anticipées. Son rêve est celui du "Grand Israël" et son ennemi juré est le leader palestinien Yasser Arafat. Dans le quotidien israélien Haaretz, Ariel Sharon déclare : "la guerre d’indépendance d’Israël n’est pas terminée".

L’homme du retrait de Gaza. Mais en 2004, il crée la surprise en annonçant le retrait de la bande de Gaza, après 38 ans d’occupation. Lui qui se faisait le champion de la colonisation organise lui-même un retrait que personne n’avait osé avant lui. Devant la Knesset, il explique avoir "appris par l’expérience que l’épée seule ne peut résoudre cette dispute amère pour cette terre". Il claque ensuite la porte du Likoud et fonde un nouveau parti de centre-droit, Kadima.

Le "lion" foudroyé. La trajectoire d’Ariel Sharon s’interrompt brutalement le 4 janvier 2006. Le "lion" est terrassé par une "grave attaque cérébrale" qui le plonge dans un coma profond, quelques jours après une première attaque cérébrale dont il s’était remis rapidement. Trois mois plus tard, son inaptitude à gouverner est constatée officiellement et il perd son poste de Premier ministre.

Ses fils, Omri et Gilad, décident de le maintenir en vie pendant près de huit ans. Mais Ariel Sharon n’a jamais repris conscience. Cloué sur son lit d’hôpital, veillé par sa famille, l’ancien Premier ministre est peu à peu tombé dans l’oubli.