Le regard de Rousseff sous la dictature

Prise en novembre 1970, en pleine dictature (1964-85), le cliché montre une Dilma sereine.
Prise en novembre 1970, en pleine dictature (1964-85), le cliché montre une Dilma sereine. © DR
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avec AFP
Un cliché inédit pris en 1970 montre l'actuelle présidente du Brésil après avoir été torturée.

Les cheveux courts, mince, en jean et tee-shirt, le menton relevé. Dilma Rousseff, 22 ans, regarde avec défiance ses tortionnaires au siège du tribunal militaire de Rio de Janeiro. Cette photo en noir et blanc prise en 1970 et récemment reproduite dans une biographie* de l'actuelle présidente du Brésil fait depuis quelques jours le tour du pays et fascine les Brésiliens.

Sereine face à ses bourreaux

A l'époque de cette photo, reprise par l'hebdomadaire Epoca, la dictature fait rage dans le pays depuis six ans. Le cliché montre une Dilma inflexible, avec un petit air insolent, en train de répondre aux militaires lors d'un interrogatoire après 22 jours de torture, sans avoir lâché le moindre nom.

Deux militaires dans le champ de la photo se cachent la figure avec une main pour ne pas être reconnus. La légende veut qu'elle ait craché au visage de ses bourreaux.

Quand Rousseff était une "guérillera"

Dilma Roussef, 63 ans, économiste et présidente du Brésil depuis le 1er janvier de cette année, a commencé à militer contre la dictature à 16 ans. Elle a appartenu à plusieurs organisations armées clandestines.  En 1970, la "guérillera" a été arrêtée à Sao Paulo, détenue pendant près de trois ans et torturée pour révéler le nom d'autres militants. Son degré d'implication dans des actions armées est encore sujet de polémique à l'heure actuelle.

Le Brésil a reconnu 400 morts et disparus sous la dictature. Le mois dernier, Dilma Rousseff a ratifié la création d'une Commission de la Vérité pour enquêter sur les crimes commis pendant les années de plomb mais sans remettre en question l'amnistie octroyée aux militaires, contrairement aux autres pays de la région.

* Ce que la vie demande, c'est du courage, signé par le journaliste Ricardo Amaral.