Le premier témoignage de Nafissatou Diallo

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La travailleuse sociale qui a rencontré la femme de chambre juste après l'agression raconte.

Elle s'appelle Susan Xenarios. Elle a été violée en 1978 sur le toit d'un immeuble à Harlem. A 61 ans, elle est désormais à la tête du Crime Victims Treatment Center, le Centre de traitement des victimes de crime (CTCV) qu'elle a créé à l'hôpital St-Luke's-Roosevelt de Harlem après son agression. Et c'est elle, Susan Xenarios, qui a recueilli le tout premier témoignage de Nafissatou Diallo, après son agression présumée par Dominique Strauss-Kahn le 14 mai dernier.

La femme de chambre "est arrivée en état de choc"

"Madame Diallo est arrivée en état de choc, très secouée, très affectée. Elle ne savait manifestement pas qui était la personne qui l'avait agressée lorsqu'elle est arrivée aux urgences. Elle était capable de parler et se montrait coopérative", raconte Susan Xenarios au Monde.

La travailleuse sociale assure ne pas avoir "mis en doute le témoignage [de Nafissatou Diallo]". Et selon elle, "le verdict des procès correspond généralement à nos diagnostics".

Un homme "nu, avec des cheveux blancs"

Si Susan Xenarios refuse d'en dire plus, le New York Times a, lui, publié lundi des extraits du rapport rédigé par un conseiller du CTVC après l'examen de Nafissatou Diallo. La femme de chambre assure être entrée dans la suite après qu'un de ses collègues lui a assuré qu'elle était vide. Elle est alors tombée nez à nez avec un homme "nu, avec des cheveux blancs" - qui serait donc DSK.

Il l'aurait ensuite "poussée sur le lit", et lui aurait "mis brièvement son pénis dans la bouche". La femme de chambre aurait ensuite été poussée dans la salle de bain, où DSK aurait "touché son entrejambe", selon le NYT. Puis elle serait tombée par terre, et DSK l'aurait à nouveau forceé à lui faire une fellation, "lui bloquant les bras et contrôlant sa tête avec force".

La femme de chambre aurait enfin craché par terre et rincé sa bouche avec de l'eau. Elle aurait aussi signalé à son superviseur la présence de sang sur les draps, mais qui n'était pas le sien.

Des détails incohérents

Un détail de ce rapport trouble les enquêteurs. La femme de chambre dit avoir vu DSK se rhabiller puis quitter la chambre sans rien dire. Or Nafissatou Diallo a ensuite affirmé s'être enfuie de la suite dès la fin de l'agression, et n'aurait donc pas pu voir DSK partir.

Ce rapport a été transmis au procureur et aux avocats de Dominique Strauss-Kahn. Mais il pourrait ne servir à rien si Cyrus Vance abandonne les charges contre DSK après les doutes levés contre la fiabilité du témoignage de Nafissatou Diallo.