Le Kerviel anglais devant les juges

Kweku Adoboli lors de son premier passage devant la justice, en septembre 2011.
Kweku Adoboli lors de son premier passage devant la justice, en septembre 2011. © REUTERS
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avec agences
Employé de la banque UBS, le trader Kweku Adoboli est jugé pour une fraude à 1,7 milliard d’euros.

La France a eu Jérôme Kerviel, le Royaume-Uni a Kweku Adoboli. Accusé d'une fraude ayant coûté 1,7 milliard d'euros, ce trader de la banque suisse UBS a été officiellement inculpé lundi par la justice britannique.

Arrivé au tribunal de Southwark, à Londres, vêtu d'un costume gris et d'une cravate bleu sombre, le trader a fait profil bas et pris studieusement des notes durant l'audience. Il n’a pris la parole que pour plaider non coupable des charges de fraude et de faute comptable retenues contre lui, et pour remercier le juge.

1,7 milliard partis en fumée

Fils d'un ancien fonctionnaire des Nations unies à la retraite, Kweku Adoboli, 31 ans, travaillait sur des produits financiers complexes chez UBS à Londres. Il avait fait un parcours sans faute au sein d'UBS, où il était entré en 2006 et travaillait au département des "Exchange Traded Funds", hautement spéculatif.

Mais Kweku Adoboli est soupçonné d’avoir lancé des opérations financières sans l’aval de sa hiérarchie et en s’affranchissant des règles de la banque. Objectif de la manœuvre : comme pour Jérôme Kerviel, dégager beaucoup de cash en très peu de temps pour gonfler les chiffres de son service et, par ricochet, ses bonus. Résultat, il a réalisé des manœuvres trop risquées qui se sont retournées contre lui et traduites par des pertes à hauteur de 1,7 milliard d’euros.

Le "Kerviel" du Royaume-Uni

Malgré l’image d’un employé bien sous tous rapports, Kweku Adoboli a donc été poursuivi pour "abus de position" et "fraudes comptables" pour des agissements qui ont commencé en 2008 et auraient perduré jusqu'à la veille de son arrestation, le 15 septembre 2011 à Londres.

Le directeur général d'UBS, Sergio Ermotti avait indiqué en novembre que la banque s'engageait à "faire la lumière sur les causes" de cet accident industriel, qu'elle n'avait pas été en mesure de détecter.

Mais cette audience n’a pas permis d’en savoir d’avantage sur ces pertes colossales qui ont rapidement conduit les médias britanniques à faire le rapprochement avec l’affaire Kerviel/Société Générale. On en saura plus le 3 septembre prochain, date à laquelle le juge Alistair McCreath a fixé l'ouverture du procès.