La grève chez British Airways continue

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avec Amandine Alexandre , modifié à

Au 3e jour de grève, c'est la guerre des chiffres entre la direction et le syndicat Unite.

La direction de British Airways et le syndicat Unite continuent lundi à se livrer à une bataille du nombre de grévistes au troisième jour du mouvement. Le personnel navigant est en grève depuis samedi minuit pour protester contre des suppressions d'emploi et des mesures d'austérité salariale que la direction veut imposer au personnel navigant, pour réduire de lourdes pertes provoquées par la crise.

Guerre des chiffres

Le syndicat, à l'origine de la première grève depuis 13 ans au sein de la compagnie aérienne britannique, a maintenu qu'elle était respectée à 80% par le personnel de cabine, et que moins de 300 volontaires avaient accepté de remplacer les grévistes. British Airways (BA), à l'inverse, a répété que ses mesures visant à limiter l'impact de la grève fonctionnaient mieux que prévu, et qu'elle avait été en mesure d'assurer plus de vols qu'anticipé initialement. "L'impact est moindre que prévu en raison du nombre d'employés qui sont venus travailler normalement ce week-end", a déclaré un porte-parole de la compagnie.

Nouvelle illustration de la "guerre des mots" avec Unite, BA a publié un communiqué lundi à la mi-journée, dans lequel elle a regretté que certains médias donnent autant de poids aux affirmations du syndicat concernant l'impact de la grève, qu'elle juge largement infondées, qu'à ses propres évaluations. "En tant qu'entreprise cotée en Bourse, British Airways est juridiquement obligée de s'assurer qu'elle ne publie pas d'informations trompeuses ou inexactes", a souligné la compagnie, ajoutant que le syndicat et sa section qui représente le personnel navigant de BA n'étaient pas soumis à de telles règles et qu'"un grand nombre des informations qu'il ont publiées ces trois derniers jours ne sont basées sur aucun fait".

Reprise de la grève samedi ?

Après ce premier arrêt de travail de trois jours, la grève devrait reprendre pour quatre jours à partir de samedi prochain, si un compromis n'est pas trouvé d'ici là, une perspective qui alimentait des appels de toute part à résoudre le conflit.

Une tournure politique

British Airways a publié une page de publicité dans la presse assurant que la grève allait affecter l'ensemble du Royaume-Uni. Depuis plusieurs jours, les tabloïds et l'opposition se déchaînent contre les grévistes. Sur fond de campagne électorale, le conflit social a pris une dimension politique. Les liens entre Unite et le parti travailliste sont historiques, et le directeur politique actuel du syndicat, Charlie Whelan, est l'ancien porte-parole du Premier ministre Gordon Brown.

Le gouvernement britannique demande une reprise du dialogue. "Le Premier ministre a dit très franchement que la grève n'était dans l'intérêt de personne, et qu'elle causait une gêne inacceptable aux passagers", et "il continue à penser qu'il est vital que les deux parties se réunissent", a déclaré un porte-parole de Downing Street.

En réponse, le codirigeant de Unite, Tony Woodley, s'est dit lundi matin prêt à négocier, mais a affirmé la direction de la compagnie ne faisait aucun effort en ce sens. "Ils ne veulent pas négocier. (...) Ils veulent qu'on capitule, mais cela ne se produira pas", a-t-il lancé lors d'un rassemblement avec des employés en grève.

British Airways va mal

La compagnie aérienne a enregistré l'année dernière des pertes record et cherche à économiser 62,5 millions de livres, soit 69,5 millions d'euros. Le PDG, Willie Walsh, veut baisser les coûts en réduisant notamment le nombre de personnel navigant sur les long-courriers. Mais ses méthodes musclées ne passent pas auprès des syndicats.