La Libye à l'heure de l'épuration

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avec Sophie Nivelle-Cardinale , modifié à
REPORTAGE - A Syrte, des dizaines de corps de soldats loyalistes ont été retrouvés.

Depuis la mort de Kadhafi jeudi dernier, ce sont principalement des images de joie qui parviennent de Libye. Mais les ONG présentes sur place ont découvert, à Syrte, une réalité bien plus macabre, comme a pu le constater l'envoyée spéciale d'Europe 1 sur place.

Au cœur de la ville, dévastée par deux mois de combats, plus de soixante cadavres sont étalés sur le sol, à proximité d'un hôtel déserté. Les murs sont troués par les obus, comme partout à Syrte. Des douilles jonchent le sol du parking. Les corps, sur le dos ou sur le ventre, sont parfois amassés les uns sur les autres.

Un trou dans le crâne

La plupart des cadavres sont recouverts, mais ici ou là dépasse un bras dans le plâtre, un pied enveloppé de coton ou une tête dans un bandage. Pourtant, ces hommes ne sont pas morts de leurs blessures. A l'arrière de leur crâne, on remarque parfois un trou énorme.

Un révolutionnaire, kalachnikov à la main, passe de corps en corps, soulève les draps, scrute chaque visage. Il cherche son frère disparu. En vain : les victimes ne sont pas des révolutionnaires, mais des loyalistes, des soldats qui ont défendu le régime Kadhafi.

Parmi eux, un ministre de Kadhafi

Selon Peter Bouckaert, de l'ONG Human Rights Watch, "quatre d'entre eux ont été identifiés, dont le ministre des Transports de Kadhafi, en charge de sa sécurité. Ce sont vraisemblablement des loyalistes qui ont été faits prisonniers et qui ont été exécutés par les révolutionnaires".

Sur les murs de l'hôtel apparaissent des tags, indiquant le nom de ces brigades révolutionnaires, peut-être coupables du plus grand massacre de loyalistes de la révolution libyenne.