La Chine mise sur l'agriculture française

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avec Pascal Berthelot, envoyé spécial à Carhaix , modifié à
ENQUETE - Depuis quelques mois, les Chinois investissent pour satisfaire une demande bondissante.

Après le textile, l'automobile ou les avions, la Chine a décidé de mettre le grappin sur l'agriculture française. Depuis quelques mois, l'agriculture fait parler au pays du Soleil levant, au point d'être la priorité du plan quinquennal jusqu'en 2015. L'année dernière, par exemple, la demande alimentaire y a bondi de 17%.

Pour répondre, tant en quantité qu'en qualité à cette demande sans cesse croissante, les Chinois ont décidé d'aller chercher le savoir-faire où il se trouve : en France.

Laiterie high tech à Carhaix

Ils investissent de deux manières, soit directement sur le territoire français. C'est le cas avec le vin, la betterave ou le lait. Dans ce dernier secteur, ils ont d'ailleurs investi 80 millions d'euros à Carhaix, en Bretagne, pour y construire une laiterie high-tech.

"Nous sommes sur une parcelle d'environ 20 hectares qui d'ici quelques mois verra la construction de tours. Elles serviront à produire de la poudre de lait à destination de la Chine", a présenté à Europe 1 Brigitte Rest, agricultrice bretonne.

La filière porcine file en Chine

Solution plus radicale, les Chinois peuvent aussi complètement exporter une filière. C'est ce qu'ils ont fait avec le porc. Les investisseurs ont acheté le savoir-faire de 14 entreprises françaises, bêtes et brevets compris. Une filière livrée clé en main par les français.

"La Chine est déjà un grand pays producteur de porc, mais sur le plan technique, nous avons encore beaucoup de choses à améliorer et à moderniser, il y a du retard. Dans ce secteur, la France est le leader mondial ", justifie ainsi un producteur chinois, M. Chen, qui a signé le contrat de deux millions d'euros pour exporter 800 cochons.

"Sur le plan technique, la Chine est en retard" :

 

 

"Il n'y aura pas de pillage systématique"

 Pas de quoi s'inquiéter toutefois à écouter François Lecouvey, directeur de l'Institut français du porc et donc vendeur dans cette opération. "Il peut y avoir un risque de pillage technologique sur un savoir-faire qui est peu significatif", s'est-il défendu au micro d'Europe 1.

"Là où il y a un savoir-faire reconnu, historique, il n'y aura pas de pillage systématique. Le Chinois, quel qu'il soit, ne pourra utiliser ce même potentiel génétique", a-t-il poursuivi. "Nous l'obligerons, par convention, à continuer à travailler avec nous".