L’espace, notre nouvelle poubelle ?

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Samira Hamiche
 L’association Robin des Bois publie un rapport alarmant sur la pollution dans l’espace.

 

L’espace dont vous rêvez est-il plus propre que notre Terre ? A en croire un récent rapport, il n’en est rien. Dans un dossier de plus de 60 pages, l’association environnementale Robin des Bois démystifie l’image virginale de l’espace, en dressant un état des lieux des déchets recensés dans notre système solaire.

 

Pour réaliser son étude, l’association a procédé à la synthèse de très nombreux articles scientifiques, puisés dans les archives - pointues - de l'agence spatiale européenne, de la Nasa, et de nombre d'autres organismes spécialisés dans le domaine. Une première mondiale.

 

Satellites et balles de golf

 

Au total, selon Robin des Bois, notre système solaire est parasité par 180 tonnes de déchets, qui pour la plupart tournent en orbite autour des planètes et de leurs satellites. Dans le détail, 15.126 objets ont été recensés, "dont 2.523 satellites hors d’usage, 1.901 étages supérieurs de lanceurs et 10.702 déchets divers et variés".

 

Ces débris ont été abandonnés par des astronautes en mission, ou par des cargos ravitailleurs de station spatiale.

 

Et il y a de tout, du massif, comme du bric-à-brac. On retrouve ainsi près de 2.000 restes de fusées, des satellites hors d’usage, ou encore des câbles. Plus insolite, Robin des Bois recense des aiguilles déployées par les Etats-Unis pour brouiller les satellites russes pendant la guerre froide, des appareils photo ou encore des balles de golf publicitaires.

 

Un danger pour la Terre

 

Or, en retombant sur Terre, les débris, quelquefois radioactifs, risquent de provoquer accidents et pollution, notamment nucléaire, alerte Robin des Bois, qui publie dans son rapport plusieurs clichés d’accidents.

 

Le plus souvent, les déchets issus de vieux satellites retombent dans des zones désertiques ou dans les mers. Mais il arrive qu’ils atterrissent sur la terre ferme. Ainsi, en 1978, la chute d’un satellite russe chargé d’uranium au Canada avait contaminé 125.000 km2 de terre. Moscou avait alors versé une indemnité au pays.

 

Un vide juridique

 

Le problème réside aujourd’hui dans le vide juridique qui entoure l’émission de déchets dans l’espace. Ainsi, développe pour Europe1.fr le porte-parole de Robin des Bois, Jacky Bonnemains, le droit de l’espace est "embryonnaire" et "n’est plus proportionné aux enjeux actuels".

 

Les textes semblent en effet obsolètes. Le traité de l’espace, qui régit son utilisation et le rejet de déchets "humains", date de 1967 et n’a été ratifié que par une centaine de pays. Les deux derniers textes en date ont été entérinés en 1972 et 1993, mais n’ont aucune valeur contraignante, ce qui signifie que les Etats pollueurs de l’espace n’encourent a priori aucune sanction.

 

Des solutions pour nettoyer l’espace

 

D’ores et déjà, les scientifiques réfléchissent à des solutions à "très court terme" pour limiter les rejets dans l’espace. Il s’agit, indique Jacky Bonnemains, "d’améliorer la conception" des engins spatiaux pour qu’ils soient moins polluants et rejettent moins de débris.

 

A plus long terme, pour retirer les déchets de la circulation, des scientifiques américains envisagent de faire circuler des vaisseaux équipés de bras robotisés, qui collecteraient les débris sur leur passage. Mais cette stratégie est coûteuse, et demande encore des années de recherche.

 

Robin des Bois suggère de son côté la mise en place d’un fonds de gestion et de prévention des déchets spatiaux. Il pourrait être financé, argumente Jacky Bonnemains, par les Etats possédant des appareils en vol dans l’espace, et par les opérateurs privés de télécommunication, premiers concernés par la mise en orbite de satellites.