L'aide alimentaire menacée en Europe

© MAXPPP
  • Copié
et Pascal Berthelot avec AFP , modifié à
Bruxelles envisage de réduire de 75% le programme européen d'aide aux plus démunis en 2012.

C'est un coup de sabre qui est attendu dans l'aide alimentaire aux plus pauvres. Aujourd'hui, 1% des fonds de la Politique agricole commune (PAC) est redistribué sous forme d'aide alimentaire dans tous les pays européens via le Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD). Mais, la Cour de justice européenne a estimé que ce dispositif était illégal dans un arrêt en avril dernier car il constituait un détournement de l'objectif initial de la PAC, censée aider simplement les agriculteurs. Conséquence directe : la Commission européenne souhaite réduire le Programme européen d'aide aux plus démunis de 75% en 2012. Concrètement, l'aide au niveau de l'Europe passerait de 480 millions à 113 millions d'euros.

La part de la France, elle, passerait de 72 millions à 15 millions d'euros. Une telle chute serait catastrophique selon les associations humanitaires. "Avec une aide financière réduite au cinquième de ce qu'elle était, les associations ne seront pas capables de distribuer autant de repas qu'avant, alors qu'il y a de plus en plus de pauvres", explique le président des Restos du Coeur Olivier Berthe.

"On peut s'attendre à une catastrophe humanitaire"

"Si aucun dispositif transitoire de financement n'est adopté à Bruxelles, on peut s'attendre à une catastrophe humanitaire en 2012 et 2013", ajoute-t-il, à quelques semaines du lancement de la campagne d'hiver des Restos.

Sur le terrain aussi, cette aide en moins se ferait sentir. En 2012, ce sont 130 millions de repas qui ne pourraient pas être distribués aux personnes en difficulté. "Ici on a du lait, des soupes, des pâtes, du couscous, du riz qui viennent de l'Europe. Que des aliments de base. En volume, cela va faire 1.500 tonnes de marchandises que l'on ne recevrait plus", témoigne Rémi, le responsable des approvisionnements de la Seine-Saint-Denis.

"Cela représente 30% de notre dotation alimentaire" :

Même son de cloche du côté d'Alain Seugé, président de la Fédération française des banques alimentaires : "C'est tout à fait catastrophique, nous sommes présents dans 17 pays en Europe, et nos associations absorbent la moitié du PEAD", a-t-il alerté au micro d'Europe 1.

Le Conseil des ministres européens de l’agriculture doit se réunir mardi à Bruxelles pour trouver une solution afin de compenser la perte de financement pour 2012 et 2013. En attendant, les présidents de quatre grandes associations (Banques alimentaires, Restos du Coeur, Secours populaire et Croix rouge) tiennent une conférence de presse commune lundi après-midi à Paris pour demander à l'Europe de ne pas sacrifier ce budget indispensable en temps de crise.