L’Equateur s’excuse auprès d’un Français

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Europe1.fr (avec AFP)
Daniel Tidi avait passé deux ans et demi dans une prison à Guayaquil, où il avait été torturé.

Pendant deux ans et demi, de septembre 1995 à janvier 1998, Daniel Tidi a vécu l’enfer dans une prison équatorienne surpeuplée, en toute illégalité. Impliqué par un suspect dans une affaire de drogue, ce Français a finalement été innocenté en septembre 2004. Samedi, le gouvernement équatorien fera paraître dans le quotidien Sud Ouest un message d’excuses à son intention.

 

"Excuses les plus sincères"

 

Dans ce texte sobrement intitulé "Déclaration de reconnaissance de responsabilité et excuses publiques de l'Etat équatorien pour la violation des droits humains de M. Daniel Tibi et sa famille", le gouvernement sud-américain "offre (ses) excuses les plus sincères au citoyen Tibi et à sa famille pour les violations des droits humains perpétrées contre eux par les agents de la police antinarcotiques, les gardes pénitentiaires et les juges (...)".

 

Interpellé par deux policiers en civil à Quito le 27 septembre 1995, Daniel Tidi avait été transféré sans explications pour comparaître dans la plus grande ville du pays, Guayaquil. Alors même que l’individu qui l’accusait s’était rétracté, il s’est "retrouvé au pénitencier, sans jugement ni mandat de dépôt", raconte-t-il dans Sud Ouest de vendredi.

 

"Des électrodes sur les testicules"

 

Le Girondin a ensuite passé deux ans et demi au milieu de 2.800 prisonniers "dans une prison construite pour 800", dans des conditions que le quotidien régional compare à celles de la prison turque du film d'Alan Parker "Midnight Express". "Il fallait que j'avoue ce que je n'avais pas fait pour justifier ma détention. Pendu par les mains, on m'a brûlé au fer rouge, mis des électrodes sur les testicules et fracassé le visage", raconte Daniel Tibi, surnommé en prison "El Frances" (le Français) voire "El Loco" (le Fou) car, avoue-t-il, "j'ai compris que je devais être plus méchant (que ses codétenus) pour survivre".

 

En janvier 1998, deux policiers missionnés par le Quai d'Orsay l'ont enfin sorti de prison. La Cour interaméricaine des droits de l'Homme, une institution judiciaire autonome basée à San José au Costa Rica, a reconnu en septembre 2004 son innocence et a condamné l'Etat équatorien à lui verser 500.000 dollars.