"James est libéré de la souffrance terrible qu'il a endurée"

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avec Thomas Sotto , modifié à
INTERVIEW E1 - Les parents du journaliste américain assassiné par les djihadistes de l'Etat islamique rendent hommage à leur fils en tant qu'homme mais aussi pour ce qu'il représente.

Fierté et sobriété dans le deuil. "Il était tourné vers les autres, il avait du cœur". Voilà comment les parents de James Foley, journaliste américain assassiné le 19 août dernier en Syrie, dressent un portrait sobre et touchant de leur fils. Au-delà du deuil, c'est la fierté qui affleure dans leur témoignage, livré vendredi matin, en exclusivité sur Europe 1.

Fierté d'avoir élevé un fils "courageux et ouvert". "Le trésor absolu de sa vie c'était ses amis, écouter les autres, entendre leurs histoires", évoque Diane Foley. Au micro de Thomas Sotto, les parents portent leur deuil avec dignité : "Bien sûr que nous sommes très tristes que Jimmy ne soit plus là. En même temps, nous sommes soulagés car nous savons maintenant que Jimmy est libre, libéré de la souffrance terrible qu'il a endurée au cours de sa captivité."

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A de nombreuses reprises au cours de l'interview, les Foley ont fait référence à "dieu" et à "la foi". "C'est ce qui me permet de garder la tête hors de l'eau, c'est ma force", explique la mère du journaliste. "Et cette foi nous donne la certitude que James est en paix. Mais c'est quand même très difficile pour nous qui devons continuer à vivre avec ça. Donc nous prions. Nous avons créé une fondation et nous espérons qu'elle permettra de faire perdurer son courage", renchérit son mari John.

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Aucune amertume vis-à-vis du gouvernement américain. Les parents endeuillés assurent ne ressentir aucune amertume à l'égard du gouvernement américain, alors même que dans la vidéo de son exécution, James Foley est contraint de lire un message dicté par ses assassins. "Je demande à mes amis, ma famille, de s'en prendre à mes vrais assassins, le gouvernement américain."

John Foley n'a "aucun doute sur ce point" : "l'ennemi, ce sont ces gens animés par la haine, qui sont brutaux. Ce sont les gens de l'Etat islamique. Le gouvernement américain a fait de son mieux pour obtenir la libération de notre fils, mais bien sûr tout cela doit provoquer une réflexion sur le mode de négociation avec les terroristes", glisse le père alors que les Etats-Unis s'en tiennent à une stricte politique de refus de payer les rançons.

"Ça ne coûtait rien de négocier." Diane Foley espère, elle, "que le gouvernement aura la volonté de revenir sur cette posture et aura la volonté de dialoguer avec la communauté internationale afin d'avoir une attitude plus constante et cohérente". Ce qui ne l'amène pas à nourrir des regrets : "Peut-être que notre fils aurait été libéré avec une rançon, mais peut-être que non. Il est difficile de savoir. Notre fils était déjà peut-être condamné. Quoi qu'il se passe, l'EI voulait punir notre pays.  Mais c'est vrai que ça ne coûtait rien de négocier."

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Malgré les innombrables soutiens, le deuil est parfois lourd à porter. D'autant plus qu'il n'a jamais été matérialisé par la dépouille de James Foley, sur laquelle ses parents n'ont jamais pu se recueillir. Diane Foley explique qu'elle et son mari "ont déjà demandé aux tueurs de récupérer le corps mais c'est impossible. Et de toute façon, Jim n'est plus dans son corps, nous voulons honorer la vie qu'il a menée." Le couple espère désormais "que son esprit soit perpétué à travers d'autres journalistes comme Didier François (le reporter d’Europe 1 détenu en Syrie pendant 10 mois, ndlr) qui ont le même souhait de témoigner de la souffrance".

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"Nous n'avons pas besoin de ces images." En revanche, le couple a déploré que la vidéo de la mort de leur fils ait été retransmise par les télévisions du monde entier. "Ces vidéos, c'est de la propagande. Ils (les membres de l'Etat islamique, ndlr) ont utilisé notre fils pour terrifier le monde et recruter des gens attirés par cette haine. Ce sont des images épouvantables, nous n'en avons pas besoin ", ont-ils déclaré.

Au-delà de l'être humain, au-delà du deuil, les parents Foley n'oublient pas tout ce que leur fils a pu représenter. Pour eux, le danger ne doit pas empêcher les journalistes "d'accéder à ces zones, sinon les atrocités vont continuer et plus personne n'en sera informé".  Pour eux, il faut des journalistes "pour que le monde comprenne cette haine qui est la leur et qui ne fait qu'augmenter".

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Comprendre la haine. L'incompréhension, c'est peut-être le dernier sentiment qui subsiste chez John et Diane Foley qui assurent vouloir éprouver "de la compassion" pour les assassins de leur fils. "Mais leur haine est tellement difficile à comprendre. Comment ont-ils pu exécuter James ? Il avait tellement de cœur. C'est triste de se dire que les assassins n'ont pas pu être émus par ça."

Regardez l'intégralité de l'interview de Diane et John Foley :

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