Gu Kailai, la déchéance d'une étoile rouge

Gu Kailai était surnommée la "Jackie Kennedy chinoise". Son procès pour meurtre s'est tenu jeudi en Chine.
Gu Kailai était surnommée la "Jackie Kennedy chinoise". Son procès pour meurtre s'est tenu jeudi en Chine. © REUTERS
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avec agences , modifié à
Le procès éclair de l'épouse de l'ex-dirigeant chinois Bo Xilai s'est tenu jeudi.

Celle qui était surnommée la "Jackie Kennedy chinoise" risque aujourd'hui la peine de mort. Gu Kailai, l'épouse de l'ex-cacique du Parti communiste chinois Bo Xilai tombé en disgrâce, a été jugée jeudi pour le meurtre d'un homme d'affaires britannique. A l'audience, qui n'a duré qu'une journée, elle n'a pas contesté l'accusation d'homicide volontaire. Le jugement a été mis en délibéré par le tribunal de Hefei et la date du verdict n'a pas encore été annoncée. Quatre responsables policiers accusés d'avoir protégé l'épouse de Bo Xilai vont en outre être traduits en justice.

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Les autorités accusent Gu Kailai d'avoir empoisonné au cyanure Neil Heywood, dont le corps a été retrouvé dans une chambre d'hôtel de Chongqing, ex-fief de Bo Xilai. Sa mort a pendant un temps été présentée comme naturelle, avant que Gu Kailai ne soit accusée. Cet homme d'affaires avait tissé des liens étroits avec le couple et les avait notamment aidés à envoyer leur fils, Bo Guagua, faire ses études à l'étranger. Très peu d'éléments ont filtré sur l'affaire, les autorités évoquant d'abord une dispute sur une transaction financière, puis un motif personnel.

"Aristocratie rouge"

Cette accusation a tout cas précipité la chute du couple, alors que l'ambitieux Bo Xilai avait clairement montré son désir d'accéder aux plus hautes sphères du Parti communiste, et donc du pays. L'affaire a aussi jeté une lumière crue sur le fonctionnement du PC chinois et sur ce couple, considéré jusqu'à il y a peu comme un modèle.

Comme son époux, Gu Kailai, 53 ans, est issue de "l'aristocratie rouge", indique Libération. Fille d'un général influent, elle a souffert, dès 8 ans, de la chasse aux élites pendant la Révolution culturelle. Contrainte de quitter l'école, elle travaille notamment dans une boucherie mais parvient, en 1978, à entrer à l'Université de Pékin. 

Avocate connue

En 1984, elle rencontre Bo Xilai, à l'époque déjà marié. Deux ans plus tard, il divorce et épouse la jeune femme. Gu Kailai, travailleuse et ambitieuse, qui parle un anglais parfait, devient aussi une avocate de renom. Elle se fait connaître en remportant aux Etats-Unis un procès pour le compte d'une entreprise chinoise, rapporte la BBC. De cette expérience, elle tire un livre à succès.

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Quand Bo Xilai prend la tête du Parti communiste de Chongqing, en 2007, elle décide de fermer son cabinet et met sa carrière entre parenthèses pour ne pas entraver celle de son mari. Un avocat américain ayant travaillé avec elle la décrit comme une femme attirante, pleine de charisme et drôle. 

Une femme "impitoyable"

Mais l'affaire Neil Heywood a révélé un autre visage de Gu Kailai, certains soulignant son côté "impitoyable" avec ceux qui se mettaient en travers de son chemin. A un autre homme d'affaires qui lui refusait une faveur, elle aurait lancé : "Ne revenez jamais en Chine, vous ne sortiriez jamais de prison !".