Grimbergen encourage la délation

La mairie de Grimbergen encourage les Flamands à pratiquer la délation.
La mairie de Grimbergen encourage les Flamands à pratiquer la délation. © REUTERS
  • Copié
avec Laure Dautriche , modifié à
Les Flamands sont appelés par la mairie à dénoncer toute personne qui parlerait français.

La ville de Grimbergen, près de Bruxelles, est surtout connue pour sa bière. Depuis quelques semaines, cette commune flamande, défraye la chronique en Belgique. Son Bourgmestre, l'équivalent du maire, vient de mettre en place un système de délation à l'encontre des Wallons.

La Stasi

Tout est parti d'un article publié par le journal municipal du mois de décembre dans lequel le maire flamand de cette commune lance un appel aux habitants : "la commune travaille pour préserver le caractère flamand. Malheureusement nous constatons que tout le monde ne le respecte pas. Vous avez vu des publicités en français ou entendu parler une autre langue ? Vous pouvez déposer plainte à la commune. Appelez ce numéro".

 Les habitants de Grimbergen sont donc incités à pratiquer la délation. Mais certains ont choisi de boycotter ce principe, comme ce commerçant qui souhaite rester anonyme, joint par Europe 1. "Le fait de dénoncer, en montrant du doigt, ce sont des choses qui étaient pratiquées par la Stasi (la police politique est-allemande, ndlr). Ce ne sont plus des façons de faire dans un pays civilisé. On est quand même dans un pays libre donc je ne vois pas très bien où on veut en venir", déplore-t-il. 

Pour ce commerçant, pas de discrimination possible : "Pour moi, l'anglais, le français ou l'allemand, c'est juste une façon de s'exprimer. Je ne le vois pas comme un moyen politique. Je parle cinq langues. J'essaye de parler toutes les langues avec mes clients. Mon client est roi. On est des gens ouverts, des gens accueillants, mais parfois il y a des exceptions,  comme partout." Ce commerçant de Grimbergen a donc décidé de réagir. Lundi, il ira demander au maire de retirer ce principe de délation.

Du côté politique, on se mobilise également. Frédérique Ries, députée européenne libérale francophone, a adressé vendredi, une lettre adressé à José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne ainsi qu’à la Commissaire aux Droits fondamentaux, Viviane Reding.

Cohabitation

Cette affaire remet sur le devant de la scène belge, les problèmes de cohabitation entre les Flamands, majoritaires dans le pays, et les Wallons qui parlent français. Symptôme de ce conflit : la Belgique est restée sans gouvernement pendant 550 jours à cause d'une crise gouvernementale entre les différents partis politiques flamands et wallons. Désormais, c'est le francophone et chef du parti socialiste belge, Elio di Rupo qui dirige le gouvernement.