Google soutenu sur le net, mais isolé en Chine

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Après sa menace de quitter la Chine, les messages de soutien à Google se multiplient mais le gouvernement maintient sa position.

"Une séparation de Google et de la Chine ferait du mal aux deux parties", proclame jeudi le journal chinois Global Times. La compagnie californienne avait annoncé mardi "ne plus être disposée à censurer les recherches sur google.cn", son site chinois, comme le requièrent les autorités. Elle a menacé de cesser toute opération en Chine, après des attaques informatiques massives "venant de Chine" ciblant des militants des droits de l'Homme.

Plusieurs dissidents chinois et organisations de défense des droits de l'homme se sont déclarés satisfaits par cette menace. Human Rights Watch a estimé que Google "montrait un très bon exemple", espérant que d'autres sociétés et d'autres gouvernements prendraient des mesures pour garantir les droits de l'homme.

Le site de micro-blogs Twitter était rempli de témoignages et messages de satisfaction à la suite de l'annonce de Google. "Ce n'est pas Google qui se retire de Chine, c'est la Chine qui se retire du monde", a écrit un utilisateur de Twitter. Les réactions sur l'internet "ouvert" étaient également nombreuses. "Je demande instamment à Google de rester, le gouvernement est vraiment trop écrasant", dit un post sur Baidu (un des moteurs de recherche chinois les plus importants), "je ne suis pas un adorateur de l'étranger et j'aime profondément mon pays, mais le gouvernement ne doit pas exagérer !"

Certains se montrent toutefois sceptiques. Pour Evgeny Morozov, enseignant à l'Université de Georgetown à Washington et éditorialiste au magazine Foreign Policy : "Google avait besoin de relations publiques positives pour enrayer la dégradation de son image, surtout en Europe où les inquiétudes montent quotidiennement sur les questions de confidentialité. Google.cn était l'agneau à sacrifier, car c'est ce qui génèrera le plus de titres positifs sans entraîner de dégâts catastrophiques pour Google".

Google a également trouvé un soutien plus inattendu en son concurrent Yahoo. "Nous condamnons toute tentative d'infiltration dans les réseaux d'entreprises destinée à obtenir des informations sur les utilisateurs", a indiqué son porte-parole au Wall Street Journal. Cependant ni Yahoo, ni aucun autre concurrent n'a l'intention de suivre Google dans sa menace. Pour le PDG de Microsoft, Steve Ballmer, "toutes les grandes organisations sont attaquées. Je ne pense pas que ce soit un changement fondamental de la sécurité sur Internet".

Jeudi, le gouvernement chinois ne montrait aucun signe d'infléchissement de sa politique de contrôle sur internet. "Notre pays est à un stade crucial de réforme et de développement et c'est une période de conflits sociaux sensibles", a dit Wang Chen, ministre du Bureau de l'information. "Diriger l'opinion sur internet de façon appropriée est une mesure essentielle pour protéger la sécurité de l'information sur internet." Le ministère chinois des Affaires étrangères a fait valoir pour sa part que Pékin était prêt à accueillir les compagnies étrangères qui contribuent au développement d'internet à condition qu'elles se conforment à la loi.