Gaza pourrait avoir son île

Le coût de cette île artificielle est estimé entre 3,5 et 7 milliards d'euros © Reuters
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Assiya Hamza , modifié à

Israël étudie la possibilité de construire une île pour faciliter les échanges commerciaux de Gaza.

Une île artificielle au large de Gaza. L’idée paraît fantasque. Et pourtant. Les autorités israéliennes étudient la possibilité de créer une zone au large des côtes ppour permettre à l’Autorité palestinienne de commercer plus librement.

"Ce projet vise à parvenir à une coupure totale avec la bande de Gaza, alors qu'aujourd'hui Israël continue à être responsable des échanges de cette région car nous n'avons pas permis la création d'un port et d'un aéroport", a argumenté le ministre des Transports Yaakov Katz à la radio militaire.

Car cette île permettrait en effet à Israël d'abandonner sa tutelle commerciale sur Gaza, tout en maintenant son blocus en pleine mer. Cette zone de 4 km de long et 2 km de large, reliée à la terre ferme par un pont de 4km, serait gérée par une autorité internationale comme l’Otan, explique l’ONG israélienne The Israel Project.

Hôtels, zones touristiques, une marina pour les yachts, un aéroport… Sur le papier l’idée ferait presque oublier le contexte politique dans lequel elle s’inscrit. La bande de Gaza est l’un des territoires les plus peuplés au monde, rappelle le journal britannique The Guardian.

Un projet initié par Shimon Peres

Depuis 2007, Israël impose un strict blocus à Gaza. Peu de biens entrent ou sortent du territoire. Tant et si bien que les Palestiniens sont contraints de s’approvisionner clandestinement en Egypte, notamment par des tunnels creusés sous terre. La construction pourrait donc permettre d’améliorer sensiblement la qualité de vie des Palestiniens.

L’idée ne serait d'ailleurs pas nouvelle. Le président Shimon Peres aurait lui-même amorcé le projet il y a quatre ans, précise le site Israel national news. "Nous devons investir dans la mer et étirer notre frontière occidentale dans cette direction par la construction d'îles artificielles ", avait-il déclaré lors d’une conférence en 2007.

Coût estimé ? 5 à 10 milliards de dollars, soit entre 3,5 et 7 milliards d'euros, pour un chantier de 6 à 10 ans. La balle est désormais dans le camp du Premier ministre Benjamin Netanyahou. Il ne manque que son « feu vert final", a précisé mercredi le ministre des Transports. De nombreuses voix s’élèvent déjà, côté israélien et palestinien, pour dénoncer le projet.

L'enthousiasme n'est pas au rendez-vous

"Ce n’est que pure folie" s'alarme Gidon Bromberg, directeur d’EcoPeace, la branche locale des Amis de la Terre, au Guardian. "Ce genre de choses n’a aucun sens", avance-t-il. "Les répercussions environnementales se feraient sentir sur les côtes de Gaza et d’Israël".

L’idée ne suscite pas franchement l’enthousiasme non plus dans les territoires occupés. Qualifiée de "pure fantaisie", la West Bank de l’Autorité palestinienne n’hésite pas à parler d’une "tentative pour faire diversion des véritables problèmes de Gaza, ceux causés par l’occupation israélienne" au Telegraph. Pour le Hamas, il ne s’agit que d’un "effort sioniste pour internationaliser" le blocus.

Enfin, selon le porte-parole de l’Autorité palestinienne, Ghassan Khatib, il y a des moyens bien plus simples d’améliorer les conditions de vie des Palestiniens. "Ce n’est que pure fantaisie et ce n’est pas le problème des autorités israéliennes ", note-il dans le Guardian. "Si elles veulent aider les Palestiniens, elles doivent mettre un terme à l’occupation de Gaza, autoriser le retour de la West Bank à Gaza et la création d’un Etat palestinien. Dès lors, leurs propositions seront les bienvenues", conclut-il.