Fin de la première journée du procès Breivik

Anders Breivik s'est présenté comme "écrivain" à l'ouverture de son procès.
Anders Breivik s'est présenté comme "écrivain" à l'ouverture de son procès. © MAX PPP
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Après une première journée sous le signe de l'émotion, place aux explications du tueur, mardi.

Un procès historique. Anders Behring Breivik a comparu lundi pour la première fois devant la salle 250 du tribunal d'Oslo pour ce qui constitue le massacre le plus sanglant commis en Norvège depuis la Seconde guerre mondiale. Le tueur qui a fait 77 victimes à d'Oslo et sur l'île d'Utoya n'a pas pris la parole durant cette première journée d'audience, consacrée à la lecture de l'acte d'accusation et aux remarques préliminaires du ministère public. Anders Behring Breivik est poursuivi pour "actes de terrorisme". Retour sur cette première journée riche en émotion.

Après six heures d'audience, la première journée du procès Breivik prend fin. Le tueur d'Oslo et de l'île d'Utoya sera de retour mardi devant la cour, pour s'expliquer directement.

15h14 : Sain d'esprit. Geir Lippestad assure que Breivik veut être considéré comme sain d'esprit, pour ne pas "discréditer son idéologie. Il a le droit de s'exprimer. Son témoignage est peut-être la preuve la plus importante pour le tribunal". L'avocat ajoute qu'il appellera à la barre des experts médicaux pour prouver que son client est responsable pénalement de ses actes.

15h12 : Breivik veut parler. L'avocat du tueur d'Oslo et d'Utoya informe la cour que Breivik souhaite utiliser un document pour son témoignage mardi. Selon Geir Lippestad, la lecture prendre une trentaine de minutes. 

Geir Lippestad, l'avocat du tueur, explique que les cinq jours à venir seront essentiels pour que la cour évalue si Breivik est sain d'esprit ou non, selon Olivier Truc, le correspondant du Monde sur place. "Il est difficile de comprendre la vision du monde de Breivik", ajoute-t-il. Des experts viendront témoigner. 

15h04 : Photos non diffusables. Le procureur Holden a expliqué que les photos de l'explosion de la camionnette près du siège du gouvernement ne seront pas diffusées lors du procès, même si elles figurent dans le dossier.

15h01 : Témoins. Le procureur liste toutes les personnes qui seront invitées à s'exprimer à la barre au cours des semaines du procès. Des témoins oculaires, enquêteurs ou experts en font partie. Le procureur précise que d'autres témoins pourraient être conviés en fonction des conclusions de la commission médico-légale sur le second rapport psychiatrique de Breivik.

14h56 : Avocats. Les 77 victimes d'Anders Behring Breivik sont représentées par 166 avocats au total, dont trois sont présents au tribunal. De son côté, Geir Lippestad, le conseil de Breivik rappelle que son client plaide "non coupable".

14h53 : Expertises psychiatriques. Le procureur rappelle que Breivik a subit deux expertises psychiatriques. La première le 29 novembre a conclu qu'il était fou, la seconde, le 10 avril, qu'il était pénalement responsable.

Anders Behring Breivik a été entendu à 31 reprises par la police. Cela représente 223 heures et 47 minutes d'interrogatoire.

14h41 : Reprise. Comme à chaque fois que les juges entrent et sortent, Breivik refuse de se lever, comme l'usage le prévoit.

14h35 : Interviews. Durant la pause, les journalistes peuvent réaliser des interviews dans la zone mixte, comme ici avec Tore Sinding Bekkedal, un jeune rescapé de la tuerie de l'île d'Utoya.

breivik rescapé

© REUTERS

14h26 : Pause de vingt minutes. Juges et experts-psychiatres cherchent toujours à déceler une réaction de Breivik. En vain. Une pause de 20 minutes est décidée. Breivik est de nouveau menotté.

14h25 : La carte de l'île. Le procureur montre une carte de l'île remplie de points rouges et jaunes. Les rouges représentent les morts, les jaunes les blessés.

14h23 : La fin est proche. Vers 18h30, la police débarque sur l'île d'Utoya. Breivik est arrêté à 18h34, 73 minutes après avoir entamé sa fusillade. 

14h21 : La tuerie se poursuit. Six minutes après ce second coup de fil à la police, Breivik tue cinq autres personnes.  

14h17 : Une voix haletante. Lors de ses deux appels à la police, Anders Behring Breivik laisse deviner une voix haletante mais posée, derrière son téléphone.

14h15 : "Je souhaite me rendre". Le récit de cette sombre journée de juillet se poursuit. A 18h24, Breivik rappelle la police, dit poliment bonjour à la dame qui lui répond et annonce : "Maintenant que l'opétation est finie, je souhaite me rendre". Après ces mots, celui qui s'est présenté comme "commandeur dans le mouvement de résistance norvégien" interrompt de nouveau l'appel.

14h10 : Breivik reste impassible. Une nouvelle fois, le nom de chacune de ses victimes est répété. Breivik, toujours stoïque, ne montre rien de ses sentiments et regarde devant lui.

14h07 : 14 victimes de plus. A 18h13, le tueur abat quatorze nouvelles victimes. La tuerie est interminable.

14h04 : Le premier appel. L'accusation publie le premier appel de Breivik, à 18 heures. Le meurtrier joint la police pour proposer sa reddition, mais interrompt rapidement l'échange. Puis il tue huit personnes de plus dans les sept minutes qui suivent. 

13h57 : Un appel de détresse qui fait froid dans le dos. L'accusation publie l'appel de détresse d'une jeune fille d'Utoeya. "Venez vite... Ça tire tout le temps", dit ce SOS qui dure un peu plus de trois minutes. Moment d'émotion au procès Breivik.

13h48 : Cris d'émotion des familles. A la vue de ces images, les familles de victimes restées dans le prétoire ont laissé échapper un cri d'émotion au moment où la bombe explose. Anders Behring Breivik, lui, reste impassible.

13h43 : Vidéos inédites. Un film de vidéosurveillance inédit de l'explosion causée par Anders Behring Breivik à Oslo. On y voit des personnes se dirigeatn vers la camionnette au moment de son explosion, qui a fait huit morts.

13h10 : Images douloureuses. Le procureur a laissé quelques minutes pour permettre aux personnes qui ne souhaitaient pas voir les bandes vidéos de l'attaque près du siège du gouvernement, de sortir.

13h05 : Il reste assis. Breivik ne se lève toujours pas à l'entrée des juges, contrairement à l'usage.

Breivik entre dans la salle. 

12h47 :  Pas si effrayant que ça. "Ils ont vu cet homme, avec sa voix douce, et ils ont réalisé qu'il n'était pas aussi effrayant que ce qu'ils pensaient", déclare une avocate des familles des victimes, Me Yvonne Larsen.

12h30 : Obama était visé. De Barack Obama à la princesse héritière Mette-Marit, Anders Behring Breivik a envisagé de multiples cibles. Il souhaitait notamment capturer des personnalités politiques norvégiennes sur l'île d'Utoya et filmer leur exécution en lisant un texte, à la mode "jihadiste".

12h20 : Pause. La cour prend une pause jusqu'à 13 heures. Breivik se lève, souriant.

12h15 : Une balle dans la tête. Lors de l'audience, l'avocate générale a détaillé les circonstances de la mort des jeunes sur l'île d'Utoya. "Très calmement, installé entre ses avocats, dans un box qui n'est pas sécurisé, Breivik a écouté sans manifester la moindre émotion le décompte macabre de ses victimes. L'avocate générale a cité tous ceux qui sont tombés sous ses balles et les circonstances de leur mort. Pour les jeunes travaillistes réunis sur l'île, ils ont été tués d'une balle dans la tête", a précisé Fabienne Le Moal, l'envoyé spécial d'Europe 1 à Oslo.

Anders Breivik a été submergé par l'émotion lors de l'audience. Le visage rougi, Breivik a essuyé des larmes au moment où le tribunal projetait sur grand écran le film de 12 minutes qu'il avait diffusé le jour des attaques. Il est composé de photos et de dessins, montrant notamment des intégristes musulmans.

11h54 : Il était en manque d'affection. Anders Behring Breivik grandit avec sa mère et sa demi-sœur dans un foyer de la classe moyenne. Dès son plus jeune âge, les services sociaux sont avertis d'une possible carence de soins. "Anders est un enfant passif qui fuit un peu le contact, un peu anxieux (...) au sourire feint et désarmant", écrit un psychologue, alors que le garçonnet n'a que quatre ans.

11h45 : Le tribunal devra trancher sur sa santé mentale. Jugé psychotique et donc pénalement irresponsable par un premier rapport psychiatriques l'an dernier, Anders Breivik avait ensuite été déclaré sain d'esprit par une contre-expertise dont les résultats ont été publiés le 10 avril. En dernier ressort, il reviendra aux cinq juges du tribunal d'Oslo de trancher à l'occasion de leur verdict attendu en juillet.

11h40 : Une croix rouge pour symbole. On aborde maintenant la question du manifeste que l'organisation Chevaliers Templiers lui aurait demandé de rédiger en 2002. Ce "compendium" (corpus de connaissances) a été distribué le 22 juillet, sur la première page de garde, une croix rouge, symbole des Templiers.

11h37 : Une brosse WC comme arme. Breivik a utilisé le box d'une brosse à WC pour faire sa bombe et s'est procuré des engrais via Breivik Geofarm, une société qu'il a créée en mai 2009. Il a aussi pris des photos des différentes phases de construction de la bombe. Le tueur a emménagé dans une ferme qu'il a louée en mai 2011 à Rena, à environ deux heures de route d'Oslo. C'est là qu'il a pu se procurer des engrais pour confectionner la bombe qui allait tuer huit personnes en juillet, sans éveiller les soupçons.

11h35 : Un procès très suivi. La tuerie la plus sanglante depuis la Seconde guerre mondiale perpétrée par Anders Brevik avait ému tout le pays. Dans les bars d'Oslo, les Norvégiens suivent attention le procès diffusé en direct sur les chaînes d'information. 

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© Reuters

11h25 : Des armes à la main. La procureure montre des photos d'Andres Breivik en uniforme ou une arme à la main, comme le raconte une journaliste de LCI présente sur place.Breivik s'est procuré l'essentiel de ses armes entre mai 2010 et juin 2011.

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© Capture Twitter

11h20 : Breivik joue beaucoup aux jeux vidéo. C'est un adepte de World of Warcraft auquel il joue de l'été 2006 à l'été 2007, selon le procureur qui diffuse une capture d'écran faite sur le PC de l'accusé avec son avatar baptisé "Justicar". La juge demande si c'est un jeu violent, le procureur répond que "ça dépend de ce qu'on entend par violence".

11h15 : Dans la chambre de Breivik. Lors de l'audience, on montre des photos de l'appartement de la mère où il a résidé à partir de 2006. Sa chambre est celle d'un garçon qui laisse son lit en désordre. On aperçoit un ordinateur et un fauteuil en cuir.

11h10 : Breivik choisit la provocation. Son salut d’extrême-droite au public a confirmé qu'il voulait faire du tribunal sa tribune. Son avocat, Geir Lippestad avait déjà prévenu juste avant l'audience : "il sera extrêmement difficile (...) d'écouter ses explications", d'autant qu'il va "déplorer de ne pas être allé plus loin" dans son carnage qu'il a qualifié d'"atroce mais nécessaire".

11h05 : Il a créé 3 sociétés. Breivik a été vendeur de téléphone et a également créé trois sociétés. Lorsque le procureur raconte comment une de ses entreprises commercialisait de faux diplômes, Breivik se met à sourire. Le procureur rappelle que Breivik a rejoint le mouvement Jeunes du parti du Progrès (FrP, droite populiste) en 1997 puis le FrP lui-même en 1998. Il en restera jusqu'en 2006.

11h : Environ 300 journalistes sont présents à l'audience.

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10h50 : L'audience reprend. Après vingt minutes de pause, la procureure va maintenant donner des détails sur cette journée du 22 juillet ainsi que sur la vie d'Anders Brevik, selon le journaliste du Monde, Olivier Truc.

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© Capture Twitter

10h45 : Que risque Breivik ? Si les juges le déclarent pénalement responsable, il risque jusqu'à 21 ans de prison, peine maximale prévue par la loi norvégienne au moment des faits pour "actes de terrorisme". Mais un tribunal peut, au-delà de cette période, prolonger par tranches de cinq ans maximum si le détenu reste considéré comme dangereux.

Si les juges le déclarent pénalement irresponsable, l'accusé devra se soumettre à des soins psychiatriques dans un établissement fermé, potentiellement à vie. S'il devait être guéri grâce à son traitement, il serait libérable à condition de ne plus représenter un danger pour la société. Si cette condition n'est pas remplie, il peut être transféré dans un établissement pénitentiaire en vertu d'un mécanisme qui n'a jusqu'à présent été utilisé qu'une fois en Norvège.

Breivik, qui a reconnu être l'auteur de deux attaques, a plaidé non coupable. "Je reconnais les faits mais je ne reconnais pas ma culpabilité" au sens pénal, a-t-il déclaré, affirmant avoir agi en état de "légitime défense". La séance est interrompue pendant une vingtaine de minutes. Contrairement à l'usage, Breivik est alors resté un instant assis tandis que les juges sortaient, signe vraisemblablement de son rejet de la légitimité de la Cour. Puis des gardes lui ont repassé les menottes.

10h57 : Membre des chevaliers Templiers. Le procureur revient sur la vie d'Anders Behring Breivik, et la période 1994-2004. L'accusé affirmé avoir été membre de l'organisation des Chevaliers Templiers.

10h : Breivik va devoir se justifier. Jusqu'au 23 avril, le procès se cantonnera aux explications de l'accusé. Ensuite, viendra le temps de l'examen de l'attentat à la bombe contre le siège du gouvernement ainsi que les expertises médico-légales et les témoignages de l'accusation. 

9h45 : 69 jeunes avaient été massacrés. La procureur en vient au carnage perpétré sur l'île d'Utoeya où Breivik a massacré 69 jeunes, la plupart d'une balle froidement tirée dans la tête. Dans le prétoire où règne un silence quasi religieux, on n'entend que la litanie des noms énumérés par Inga Bejer Engh. Breivik, lui, garde la tête baissée.

9h35 :  770 survivants parmi les parties civiles. Deux magistrats de profession et trois personnes issues de la société civile sont appelés à se prononcer sur le sort d'Anders Breivik. La procédure sera dirigée par la juge professionnelle, Wenche Elizabeth Arntzen. Plus de 770 survivants et proches des victimes représentés par 162 avocats se sont constitués parties civiles. Enfin, près de 150 personnes vont être appelées à témoigner.

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© Reuters

9h30 : Lecture de l'acte d'accusation. La procureur Inga Bejer Engh a ensuite lu l'acte d'accusation et énuméré le nom des huit victimes mortes dans l'explosion de la voiture piégée près du siège du gouvernement, en précisant les causes de leur mort et en décrivant les dégâts matériels causés par l'explosion. Durant ce temps, Breivik garde les yeux baissés, semblant lire un document.  "Un certain nombre de bâtiments y compris le bureau du Premier ministre (...) ne pouvaient être utilisés ni même fonctionner (...) pendant un certain temps", a rappelé Mme Bejer Engh, en estimant que ces attaques avaient en outre "créé la peur dans la population norvégienne".

9h10 : Breivik se présente comme "écrivain". Breivik décline son identité, sa date de naissance et corrige la juge lorsque celle-ci l'a présenté comme sans emploi : "ce n'est pas exact", a-t-il dit. "Je suis écrivain", a-t-il précisé, disant qu'il écrivait un ouvrage en prison.

9h07 : Breivik ne reconnaît pas ce tribunal. L'accusé rejette la légitimité du tribunal d'Oslo pour le juger. "Vous représentez le multiculturalisme", a-t-il déclaré.

Il arrive vétu d'un costume sombre, d'une chemise blanche et d'une cravate ocre. Une fois débarrassé de ses menottes, l'accusé adresse un salut d'extrême droite au public composé de familles de victimes, de survivants et de journalistes. Ce geste, explique-t-il dans son manifeste, représente "la force, l'honneur et le défi aux tyrans marxistes en Europe".

16.04 Breivik bras levé

© BFM

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© Reuters

8h40 Breivik arrive au tribunal d'Oslo. Un convoi transportant vraisemblablement Anders Behring Breivik est arrivé lundi vers 8h30. Ce procès s'ouvre entouré d'importantes mesures de sécurité.