Fille de servante, elle se découvre riche héritière

En apprenant le verdict, Sofia Reguera a ressenti "une immense joie".
En apprenant le verdict, Sofia Reguera a ressenti "une immense joie". © Capture Europa Press
  • Copié
Charles Carrasco avec AFP , modifié à
Sofia Reguera a été reconnue comme la fille d'un riche propriétaire et devrait toucher plusieurs millions d'euros.

L'INFO. Cela ressemble presque à un scénario de "telenovelas", les fameuses séries à succès dans les pays hispaniques. La justice espagnole a reconnu jeudi que la fille d'une servante, qui avait eu une liaison avec le fils de ses riches employeurs andalous dans les années 1940, était bien la descendant de cette famille fortunée. Une décision qui ouvre les portes d'un héritage de plusieurs millions d'euros.

Un test ADN. La juge d'un tribunal de Séville, en Andalousie, "a rendu son verdict et déclaré qu'elle est la fille de ce monsieur, qui était exploitant agricole", a expliqué Fernando Osuna, l'avocat de Sofia Reguera, 63 ans. La magistrate a notamment basé sa décision, transmise aux parties mardi, sur un test ADN établissant qu'il y avait "99% de chance" pour que sa cliente soit la sœur du seul fils légitime du riche propriétaire, décédé dans les années 1970 en laissant un héritage évalué à environ 15 millions d'euros.

Mais ce verdict ouvre la porte à un deuxième procès ou à des négociations avec la famille, a expliqué l'avocat, pour décider de la part qui reviendra à sa cliente. En l'absence de testament, celle-ci pourrait toucher la moitié de l'héritage.

"Une immense joie". En apprenant le verdict, Sofia Reguera a ressenti "une immense joie", selon Fernando Osuna. Plus que l'argent, affirme-t-il, elle se réjouit de voir ainsi reconnue "une situation qui a duré 12 ou 13 ans, une histoire d'amour et la reconnaissance de cette union dont elle est le fruit". La mère de Sofia avait 21 ans lorsqu'elle est tombée amoureuse du fils de ses employeurs, environ du même âge.

"La grande différence sociale". Lui aussi était amoureux, "tout les témoins l'ont dit", affirme l'avocat, ajoutant que lorsque Sofia était enfant, son père allait régulièrement la voir à la sortie de l'école, la prenait en photo. Mais sa famille refusait leur mariage à cause de "la grande différence sociale". Jusqu'à ce que brusquement, lorsque Sofia avait "huit ou dix ans", tout contact soit coupé avec son père, désormais marié.

Il a fallu "un long processus" judiciaire de cinq ans" marqué par de "nombreuses difficultés" pour faire reconnaître sa filiation, affirme Fernando Osuna. Selon lui, la juge évoque même la "mauvaise foi" de la famille dans son verdict, car elle avait notamment ordonné de faire incinérer le père de Sofia peu après que celle-ci avait lancé ses recherches afin d'empêcher le test ADN post-mortem.