Février sans Palin, intox ou "detox" ?

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Assiya Hamza , modifié à
Un journaliste du Washington Post propose de boycotter l’ex-candidate à la vice-présidence des Etats-Unis

Sarah Palin fascine. Elle agace aussi. Tant et si bien qu’un journaliste de l’un des plus grands quotidiens américains The Washington Post, Dana Milbank, a lancé une opération baptisée "Un mois de février sans Sarah Palin". Le principe est simple : l’éditorialiste s’engage à ne pas évoquer l’omniprésente ex-gouverneur de l’Alaska pendant 28 jours. Et il espère bien faire des émules.

"Je jure que je ne mentionnerai pas Sarah Palin à partir du 1er février 2011, que ce soit sur papier, en ligne ou à la télévision, pendant un mois », annonce-t-il dans un appel très solennel publié sur le site. "Avec assez de soutien, je pense que nous pouvons même réussir à étendre le moratoire au-delà d’un mois, mais nous sommes face à une puissante compulsion, et nous devons livrer cette bataille jour après jour."

Pour mener à bien sa croisade, Dana Milbank a même trouvé un relais sur le site de microblogging Twitter. Les lecteurs n’ont qu’à cliquer sur un lien dans son papier intitulé “Je déclare le mois de février sans Sarah Palin. Rejoignez moi " pour générer automatiquement un message sur Twitter : " I'm making February a Palin-free month. Will you join me ? http://wapo.st/eLSl3w (Je lance un mois de février sans Palin. Vous joindrez-vous à moi ?)".

36,4 millions de pages sur Sarah Palin

Une question se pose alors : les médias sont-ils réellement obsédés par Sarah Palin ? Et bien les chiffres parlent d’eux-mêmes.Tapez "Palin" dans le moteur de recherche Google et vous obtenez la bagatelle de 36,4 millions de pages web.Depuis 2008, Bill O'Reilly de la chaîne Fox News l’a mentionnée 664 fois selon le Seattle Post intelligence. Toujours sur Fox News, Sean Hannity en a parlé dans 411 émissions. Keith Obermann sur MSNBC dans 345 shows ; Rachel Maddow sur MSNBC dans 183 émissions. Côté presse écrite, selon Dana Milbank, les éditorialistes politiques du Washington Post et du New York Times ont mentionné Sarah Palin : 33 fois pour Eugene Robinson, 14 fois pour Paul Krugman, 30 fois pour Kathleen Parker et 45 fois Maureen Dowd. Pour les médias, c’est la poule aux œufs d’or.

Une communication parfaitementmaîtrisée

Pour Jean-Philippe Balasse, correspondant à New York d’Europe 1, Sarah Palin maîtrise parfaitement sa communication. "Elle décide de son timing, de son actualité et cultive un certain suspense avant chaque apparition", analyse-t-il. Mais le secret de sa réussite médiatique c’est avant tout son image. "Sarah Palin joue à fond la carte ‘je suis hyper simple, une vraie Américaine, je suis comme vous’", souligne Jean-Philippe Balasse. "Il ne faut pas oublier que certains Américains aiment l'idée de voter pour une personne avec qui ‘ils pourraient aller boire une bière’".

"Sa ‘détox’, c’est son problème"

Le boycott de Sarah Palin est-il possible ? Le pari semble difficile à tenir. Les confrères de Dana Milbank sont plus que sceptiques. Et surtout, ils n’ont pas envie de jouer le jeu. "Je trouve cette façon de faire hallucinante. Si Dana Milbank est obsédé par Sarah Palin et croit nécessaire de faire une ‘détox’, c’est son problème", s’agace Rachel Marsden, analyste politique américaine basée à Paris. "Son travail de journaliste c’est d’observer de manière détachée, de commenter si ses propos sont intéressants et de les ignorer dans le cas contraire. Annoncer qu’il va boycotter Palin n’est pas une information en soi. Ça n’engage que lui", conclut-elle.

"Le mois sans Sarah Palin" a donc peu de chance de trouver un écho. Ce d’autant plus que le vent semble avoir tourné pour celle qui se positionne déjà pour l’élection présidentielle de 2012. L’égérie de la droite conservatrice n’en finit plus de dégringoler dans les sondages. Le dernier en date publié à la Une du New York Times, la crédite de 19% d’opinions favorables contre 57% de défavorables.