En Syrie, la mort larguée par avion

Un Syrien, réfugié dans le vieil Alep raconte les barils d’explosifs lâchés sur les civils.
Un Syrien, réfugié dans le vieil Alep raconte les barils d’explosifs lâchés sur les civils. © Reuters
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Gwendoline Debono avec
TÉMOIGNAGE - Un Syrien, réfugié dans le vieil Alep raconte les barils d’explosifs lâchés sur les civils.

Après trois ans de guerre en Syrie, une conférence s'ouvre mercredi matin à Genève pour tenter de trouver une sortie de crise pour rétablir la paix. Un mot qui semble à des années-lumière du quotidien des civils syriens à Alep.

Dans l'indifférence générale, ces hommes et ces femmes se sentent pris en étau entre les bombes du régime et la tyrannie des djihadistes. C’est le cas d’Abdo qui a déménagé tout près de la ligne de front dans les ruelles du vieil Alep, non pas pour combattre mais pour éviter les bombes. Car bien plus souvent, ce sont les civils qui sont touchés par les engins explosifs, plus que les combattants, confie cet homme joint par Europe 1.

"Les gens ont brulé à l’intérieur". "Un jet du régime a survolé l’endroit où les civils prennent le bus pour se rendre dans la banlieue d’Alep. L’avion a lâché des barils d’explosifs sur les dix bus qui attendaient", raconte-t-il horrifié. "Les gens ont brulé à l’intérieur", poursuit-il.

"Maintenant je n’essaye même plus de courir quand j’entends l’aviation se rapprocher" confie-t-il, préoccupé par une autre menace tout aussi oppressante : les djihadistes. L’un de ses amis Ahmad, est à ce point terrorisé par leurs checkpoints qu’il n’ose plus se déplacer dans la campagne d’Alep.

Les djihadistes font la loi. "La dernière fois je marchais, ils m’ont dit que mon pantalon ne convenait pas, qu’il n’était pas islamique et ils m’ont demandé pourquoi je rasais ma barbe", raconte le Syrien. "Ces hommes sont Tunisiens, des Marocains, des Algériens qui m’ont dit que si je ne la fermais pas ils me mettraient en prison", souffle Abdo, à bout.

Il y a deux jours, ces djihadistes étrangers ont exécuté six de ses proches. "A mes yeux, dit-il c’était six de mes meilleurs amis, aux yeux du monde, ce ne sont que six numéros de plus".

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