Egypte : réunion de crise à Bruxelles

M. Badie est le 8e guide suprême des Frères musulmans, élu en janvier 2010 à la tête de la confrérie qui a remporté les premières législatives libres du pays début 2012, un an après la chute de Hosni Moubarak.
M. Badie est le 8e guide suprême des Frères musulmans, élu en janvier 2010 à la tête de la confrérie qui a remporté les premières législatives libres du pays début 2012, un an après la chute de Hosni Moubarak. © MAXPPP
  • Copié
Charles Carrasco avec AFP , modifié à
L’ESSENTIEL - La spirale de la violence s'est accélérée avec 25 policiers et 37 détenus islamistes tués en moins de 24 heures.

#L'ESSENTIEL

• 25 policiers ont été tués dans une attaque dans le Sinaï. 36 détenus islamistes sont morts dimanche.
• Le général al-Sissi promet une riposte "des plus énergiques".
• Les ministres des Affaires étrangères de l'UE se retrouvent mercredi à Bruxelles.
• Les pro-Morsi ont appelé à de nouvelles manifestations au Caire après la prière de l'après-midi.
• Hosni Moubarak, chassé du pouvoir en 2011, a été remis en liberté dans une affaire, mais reste détenu pour un autre chef d'inculpation.
• Le chef des Frères musulmans a été arrêté et placé en détention.

#LE BILAN HUMAIN

pro morsi 930

© Reuters

Représailles dans le Sinaï. Lundi, au moins 25 policiers ont été tués dans une attaque à la roquette contre leur convoi dans le Sinaï, l'attentat le plus meurtrier contre les forces de l'ordre depuis des années en Égypte, selon des sources médicales et de sécurité. Après cette attaque, l'Égypte a fermé le poste de passage de Rafah vers la bande de Gaza. En six jours, plus de 900 personnes, surtout des manifestants pro-Morsi, ont été tués. Amnesty International a dénoncé un "carnage total".

37 détenus tués. La police égyptienne a aussi annoncé le décès dimanche de 36 détenus islamistes, asphyxiés par du gaz lacrymogène pendant une tentative d'évasion, selon la police égyptienne. Les Frères musulmans ont, pour leur part, révisé à 35 le nombre de prisonniers tués, alors que l'Alliance contre le coup d'État, qui organise les manifestations, avait auparavant dénoncé un "assassinat" et parlé de 52 détenus tués. 

Des arrestations. Plus d'un millier de manifestants et cadres des Frères musulmans ont été arrêtés en cinq jours, selon le gouvernement. Mohamed Badie, le chef de l'influente confrérie du président destitué Mohamed Morsi, a été capturé avec deux autres hauts dirigeants du mouvement dans un appartement tout près de la place Rabaa al-Adawiya. Il a été placé en détention provisoire pour quinze jours, pour "incitation au meurtre" de manifestants. Mahmoud Ezzat a été nommé Guide par intérim.

> INTERVIEW : "La population va-t-elle lâcher l'armée ?"

#SUR LE TERRAIN

Al Sissi 930

© Max PPP

Une riposte "énergique". Le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, qui s'exprimait pour la première fois dimanche depuis le carnage de mercredi (600 morts) devant des centaines d'officiers de l'armée et de la police, a promis aux islamistes qui ont choisi la violence une riposte "des plus énergiques", sans considération apparente pour le tollé déclenché dans les pays occidentaux. La mobilisation des pro-Morsi a semblé marquer le pas dimanche. Ils avaient annoncé neuf manifestations au Caire, mais les ont quasiment toutes annulées "pour des raisons de sécurité" dans la soirée. Toutefois, les pro-Morsi ont appelé à de nouvelles manifestations au Caire après la prière de l'après-midi.

Les comités populaires interdits. Au Caire, dans ce qui apparaît être un geste d'apaisement, le gouvernement a interdit les "comités populaires", ces milices de jeunes armés prenant pour cible au Caire tous ceux dont ils pensent qu'ils sont des islamistes ainsi que les journalistes étrangers qu'ils accusent de défendre le camp du président Mohamed Morsi, déposé par l'armée. Après les avoir laissés agir pendant des jours, le gouvernement les a accusés dimanche de mener des actions "illégales".

Nouveau chef d'accusation contre Morsi. Mohammed Morsi est détenu au secret depuis le 3 juillet. Lundi, un nouveau chef d'accusation a été annoncé contre lui, celui de "complicité de meurtre et de torture" contre des manifestants.

Moubarak bientôt libre ? Hosni Moubarak, l'ex-président égyptien chassé du pouvoir par la révolution de 2011, a été remis en liberté conditionnelle dans l'attente d'un procès dans une affaire de corruption, mais reste détenu pour un dernier chef d'inculpation. Dans cette quatrième et dernière affaire de corruption, son avocat a annoncé qu'il ferait appel. 

#LA DIPLOMATIE

Van Rompuy 930

© Reuters

Une réunion à Bruxelles mercredi. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Union européenne se réuniront mercredi à Bruxelles. Le but ? Examiner la situation en Égypte et se mettre d'accord sur une position commune. La décision a été prise lundi, lors d'une réunion des ambassadeurs auprès de l'UE chargés des questions de sécurité. Dimanche, les dirigeants de l'Union européenne, Herman Van Rompuy et Jose Manuel Barroso, ont averti le gouvernement égyptien que l'UE était prête à "réexaminer" ses relations avec l'Égypte s'il n'était pas mis fin aux violences. Ils estiment que la responsabilité d'un retour au calme incombe à l'armée et au gouvernement.

Les États-Unis inquiets. Washington a manifesté son inquiétude après les "décès suspects de Frères musulmans", tout en qualifiant de mauvaise idée l'interdiction de la confrérie. Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense, a appelé le gouvernement égyptien à pousser à la "réconciliation". Tout en admettant que la capacité d'influence américaine était "limitée".

L'Arabie saoudite soutient les autorités. L'Arabie saoudite, la Jordanie et l'Autorité palestinienne ont assuré soutenir les autorités "contre le terrorisme". Ryad a en outre affirmé que les pays arabes étaient prêts à compenser toute baisse d'aide occidentale.