Égypte : Morsi ampute l'armée

Le président Mohamed Morsi a abrogé un décret constitutionnel adoptée par l'armée en juin et accordant de larges pouvoirs aux militaires.
Le président Mohamed Morsi a abrogé un décret constitutionnel adoptée par l'armée en juin et accordant de larges pouvoirs aux militaires. © REUTERS
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G.S. avec agences , modifié à
Le président égyptien a notamment mis à la retraite le ministre de la Défense et un général.

Le président égyptien Mohamed Morsi a ordonné dimanche la mise à la retraite du maréchal Hussein Tantaoui, tout-puissant ministre de la Défense qui a conduit la transition après la chute, en février 2011, du président Hosni Moubarak. Il n'était toutefois pas encore clair si le maréchal, ministre de la Défense de Hosni Moubarak pendant une vingtaine d'années, restait toujours chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA).

Selon le porte-parole de la présidence, le chef de l’État a également mis à la retraite le général Sami Ena, chef d'état-major des armées. Les deux militaires sont nommés conseillers auprès du chef de l’État et ces mesures prennent effet immédiatement.

Le général Mohamed al Assar, promu dimanche vice-ministre de la Défense, a expliqué que la décision du chef de l’État de mettre le maréchal Hussein Tantaoui à la retraite avait été prise après des consultations avec l'intéressé et le Conseil suprême des forces armées qu'il présidait.

» Lire aussi : "Morsi, un président sans pouvoir?"

Annulation d'un décret constitutionnel

Le président Mohamed Morsi a également abrogé un décret constitutionnel adoptée par l'armée en juin et accordant de larges pouvoirs aux militaires.

"Le président a décidé d'annuler la déclaration constitutionnelle adoptée le 17 juin" par le Conseil suprême des forces armées, qui dirigeait à l'époque le pays et dans laquelle il s'arrogeait notamment le pouvoir législatif, a affirmé un porte-parole, Yasser Ali, lors d'une déclaration retransmise par la télévision publique.

Avec le pouvoir législatif, les généraux gardaient un droit de veto sur toute nouvelle loi ou mesure budgétaire et se réservaient aussi un droit de regard sur la rédaction de la future Constitution, le texte fondamental en vigueur sous Hosni Moubarak ayant été suspendu.

Les Frères musulmans, dont est issu le président Morsi, avaient dénoncé cette "Déclaration constitutionnelle complémentaire" comme "un coup d'Etat institutionnel".

Nomination d'un nouveau vice-président

D'après son porte-parole, Mohamed Morsi a également nommé un vice-président, le juge Mahmoud Mekki, qui sera seulement la deuxième personne à occuper ce poste en plus de 30 ans. Ce dernier avait joué un rôle dans la fronde des juges en 2005 contre la fraude électorale pendant le scrutin présidentiel qui s'était terminé par une victoire écrasante de Hosni Moubarak, finalement renversé par une révolte populaire le 11 février 2011.

Il s'agit seulement du deuxième vice-président égyptien en 30 ans. Hosni Moubarak n'avait jamais nommé de vice-président jusqu'à la révolte de février 2011, et pendant laquelle il avait nommé son chef des renseignements Omar Souleimane à ce poste.