Dette américaine : une "prise d’otage"

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Morgane Tual , modifié à
REVUE DE PRESSE - La crédibilité des dirigeants ressort affaiblie de cet accord, regrettent les journaux.

"Un accord terrible pour éviter le chaos". Ce titre très virulent du New York Times représente assez bien l’état d’esprit de la presse américaine au lendemain de l’accord obtenu à l’arrachée sur la dette du pays.

Pour le journal new-yorkais, les "républicains extrémistes" ont fait "une prise d’otage", à laquelle ont cédé les démocrates. Ces derniers ont accepté des baisses drastiques de la finance publique, sans aucune augmentation d’impôts en contrepartie, comme l’exigeaient les républicains les plus durs. "Cette affaire démontre l’efficacité du chantage. Des personnes raisonnables ont été forcées d’abandonner face à ceux qui mettaient en péril l’intérêt national".

Des coupes budgétaires comparées à la "guillotine" dans les colonnes du New York Times, qui considère que "cela va porter atteinte aux programmes sociaux destinés aux classes moyennes et aux pauvres, et entraver la reprise économique".

Le Tea Party en ligne de mire

Globalement, la presse raille un accord a minima, mais indispensable. Pour le Washington Post, il s’agit d’un accord "au plus petit dénominateur commun, mais c’est le seul que pouvaient conclure les deux parties". Pour le Wall Street Journal, "si un bon compromis politique contient des éléments que tout le monde déteste, alors l’accord sur la dette est un triomphe".

Seuls gagnants dans l’histoire : les membres du Tea party, qui ont obligé les républicains à endurcir leur proposition de plan. "Les membres du Tea party s’enorgueillent d’avoir été fidèles à la constitution", souligne le Wall Street Journal. "Mais avec cet accord, ils ont forcé les deux partis à faire les plus importantes coupes budgétaires en quinze ans".

Des dirigeants fragilisés

Pour le quotidien USA today, cet accord est comme "le camion pompier qui arrive après que le toit de la maison ait été dévoré par les flammes. C’est bien qu’ils l’aient fait, mais des gros dégâts ont déjà été commis". Barack Obama a en premier lieu souffert de ces laborieuses négociations. Sa cote de popularité a baissé de 10 points depuis le début de la bataille de la dette et les démocrates les plus à gauche ont peu apprécié les compromis qu’il a faits.

La réputation du parti républicain n’en sort pas non plus indemne, ayant du courber l’échine face au Tea Party "qui a réussi à définir les contours du débat et dicter des dispositions clés de l’accord", selon USA Today.

Au final, pour la presse américaine, c’est toute la classe politique du pays qui ressort affaiblie, donnant à l’étranger l’image de dirigeants fragiles et cantonnés à leurs propres intérêts électoralistes.