Des "suicides" à Guantanamo ?

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Fannie Rascle (avec agences) , modifié à
Les familles de prisonniers morts ont demandé à la justice américaine de relancer l’enquête.

Yasser Al-Zahrani et Salah Al-Salami avaient 22 et 33 ans quand ils sont morts en juin 2006 sur la base américaine de Guantanamo. L’armée américaine avait alors parlé de suicide par pendaison. Des "suicides simultanés" ? Les familles de ces deux hommes, un Saoudien et un Yéménite, disent disposer de nouveaux témoignages de soldats qui contredisent cette thèse officielle. Elles ont demandé que l’enquête soit relancée.

Dans leur requête devant le tribunal fédéral de Washington, les familles affirment que "des faits exceptionnels et troublants" ont été découverts. Leurs éléments à charge : les témoignages fournis par quatre militaires dont un gradé, Joe Hickman, qui était de garde sur un mirador du camp où se trouvaient les cellules des deux hommes.

Des chiffons enfoncés dans la gorge

Joe Hickman aurait confié aux familles avoir vu trois hommes être transférés de leur cellule vers un autre camp. Il a ensuite attesté avoir vu un fourgon revenir et décharger quelque chose à l'infirmerie. Un infirmier lui aurait ensuite raconté que des "prisonniers avaient été amenés à l'infirmerie, morts étouffés parce qu'ils avaient des chiffons enfoncés dans la gorge". L'un d'entre eux portait des marques de coups.

Ce militaire aurait tenté d'informer lui-même le ministère de la Justice en février 2009, après l'investiture de l'administration Obama, qui a promis la fermeture de Guantanamo héritée de l’ère Bush. Mais "le ministère a clos l'enquête en novembre 2009, estimant que l'essentiel des informations du sergent Hickman ne pouvait être confirmé".

Les familles des deux victimes parlent désormais de "probables homicides". Le New York Times avait diffusé des documents officiels déclassifiés listant les "preuves" de l’armée américaine de l’appartenance d'Yasser Al-Zahrani et de Salah Al-Salami au réseau Al-Qaïda. Des faits qui n’ont jamais été jugés.