DSK : une vidéo, deux interprétations

Les images de vidéosurveillance diffusées jeudi après-midi.
Les images de vidéosurveillance diffusées jeudi après-midi. © CAPTURE BFMTV
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BP avec AFP , modifié à
Bien qu'elle reste particulièrement floue, la vidéo du Sofitel conforte chaque camp.

La diffusion des images de vidéosurveillance du Sofitel par BFMTV jeudi après-midi ont suscité des réactions totalement différentes dans chaque camp, celui de Dominique Strauss-Kahn d'un côté, et celui de Nafissatou Diallo de l'autre. Europe1.fr analyse les deux manières de regarder cette vidéo.

La vidéo :

Pour les pro-DSK

Michel Taubmann, le biographe de Dominique Strauss-Kahn, a carrément accusé "un petit groupe de gens du Sofitel" de New York d'avoir "piégé" l'ancien ministre français le 14 mai. "J'ai vu l'ensemble des rushes (...) et sur l'honneur, je peux vous assurer que pendant les trois heures qui ont suivi l'agression présumée, Madame Diallo ne paraît pas se plaindre ou pleurer", a-t-il dit.

Edward Epstein pense lui qu'un complot a été ourdi contre l'ancien directeur général du FMI. Le journaliste américain s'appuie sur un extrait de la vidéo où l'on voit deux agents de sécurité de l'hôtel s'éclipser pour effectuer une "danse de la joie". Mais cette pastille ne dure pas trois minutes comme il l'assurait, mais douze secondes. Et on ne sait pas pourquoi les deux agents se congratulaient, comme l'explique le groupe Accor (lire ci-dessous).

Sur Europe 1 jeudi matin, l'avocat de DSK Henri Leclerc a néanmoins nuancé ces déclarations. "Je n'ai pas la preuve qu'il y a un complot, je n'ai aucune preuve qu'il y a un complot", a-t-il répété.

Pour les défenseurs de Nafissatou Diallo

Après avoir découvert jeudi ces images, les avocats de Nafissatou Diallo ont estimé que ces extraits prouvaient que la femme de chambre guinéenne avait "dit la vérité". Au cours d'une conférence de presse, ils ont insisté sur la scène mimée, qui corrobore le témoignage de la femme de chambre. "Il n'y avait pas de complot", a déclaré Kenneth Thompson. "C'est une absurdité". "Il y a une victime, et c'est Nafissatou Diallo". L'autre avocat de la femme de chambre, Douglas Wigdor, a affirmé que d'autres vidéos "corroboreraient" sa version.

Kenneth Thompson a rappelé qu'elle n'avait jamais varié dans son récit de ce qui s'était passé dans la suite 2806, que plusieurs employés avaient raconté l'avoir vue "tremblante" après les faits et l'avaient trouvée suffisamment crédible pour appeler la police. Les avocats de la femme de chambre ont réaffirmé qu'ils étaient "très impatients" d'arriver au procès civil. "Si nous pouvions, nous commencerions demain", ont-ils dit.

Le groupe Accor veut rester neutre

Le Sofitel de New York a dénoncé de son côté la diffusion des images de vidéosurveillance, qui "exposent inutilement" le personnel de l'hôtel "à la curiosité médiatique". Le groupe Accor a rappelé qu'il avait "toujours coopéré avec la justice américaine" et insisté sur son souci de conserver "une position de grande neutralité".

Selon l'avocat américain d'Accor, Lanny J. Davis, qui a interrogé le personnel de l'hôtel, les deux employés vus en train de se congratuler "une dizaine de secondes et non 3 minutes" ont déclaré "à plusieurs reprises ne pas avoir eu connaissance du statut politique de Dominique Strauss-Kahn avant cette séquence". Ils ne se souviennent pas non plus, selon l'avocat "des raisons de cette 'congratulation'".

"En dépit d'allégations malveillantes et infondées, il n'appartient pas à Accor de prendre parti et/ou de commenter tel ou tel aspect de ce dossier", ajoute le groupe hôtelier, qui "entend conserver une position de grande neutralité dans cette affaire".