Crise de la dette européenne : quels enjeux ?

La zone euro envisage de se réunir au plus haut niveau en fin de semaine pour tenter d'éviter la contagion de la crise de la dette.
La zone euro envisage de se réunir au plus haut niveau en fin de semaine pour tenter d'éviter la contagion de la crise de la dette. © EUROPE 1/MICKAEL ROBIN
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et Mélanie Taravant , modifié à
Les marchés continuent leur chute mardi, inquiets de la contagion de la crise grecque à d'autres pays.

Malgré l'annonce de nouvelles mesures pour résoudre la crise de la dette, la zone euro peine toujours à donner des gages suffisants aux marchés pour éviter une contagion de la crise grecque à d'autres pays comme l'Italie. Europe1.fr revient sur les enjeux de la crise actuelle.

Quel est le problème de fond de la crise de la zone euro ? Pour Christian Saint-Etienne, économiste, la situation dans laquelle se trouve la zone euro aujourd'hui n'est finalement pas si surprenante."Au moment où l'on a créé l'euro, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Autriche ont tout misé sur l'industrie, sur les entreprises, alors que les pays du sud ont misé sur la consommation et la dépense publique. Les deux modèles ont chacun leur cohérence, mais ils ne peuvent pas cohabiter au sein de la même zone monétaire", a-t-il expliqué mardi sur Europe1.

"S'il n'y avait que le problème de la Grèce à l'intérieur de la zone euro, ça serait faisable, avec un chèque de 100 milliards. La difficulté est que même si on sauve la Grèce, ça ne règle pas les problèmes de la zone euro elle-même", a précisé l'économiste.

Pourquoi la Grèce et l'Italie sont-elles menacées ? La dette grecque n'arrive pas à être jugulée. Les hésitations actuelles des Européens portent sur la mise sur pied d'un deuxième plan d'aide d'une ampleur similaire au premier de 110 milliards d'euros décidé il y a un an. Les tentatives de faire partager aux investisseurs du secteur privé la charge d'un nouveau renflouement de la Grèce se sont avérées jusqu'à présent infructueuses parce qu'elles sont susceptibles de pousser les agences de notation à placer la Grèce en défaut limité, ce que refuse la Banque centrale européenne (BCE).

L'Italie est quant à elle dans le rouge en raison de son énorme dette de près de 1.900 milliards d'euros (environ 120% de son PIB). Le gouvernement a adopté le 30 juin un plan de rigueur de 40 milliards d'euros afin de rassurer les marchés alors que le pays est sous la menace d'une dégradation de sa notation par Moody's et Standard and Poor's. Mais des doutes subsistent sur la mise en oeuvre de ce plan, qui doit permettre au pays d'atteindre un quasi équilibre budgétaire en 2014, le gros des mesures portant sur 2013 et 2014 et donc sur le prochain gouvernement. L'Italie est dans le viseur des marchés mais ses points forts la mettent à l'abri d'un scénario à la grecque, estiment des économistes.

Quelle sortie de crise ? Face aux vives divisions qui se sont matérialisées lundi soir et à la page blanche qui s'offre à nouveau à eux, les ministres ont chargé un groupe technique de clarifier les options disponibles au cours des prochains jours. Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a indiqué que l'ambition des ministres des Finances était de pouvoir arrêter les contours du nouveau plan grec "dès que possible" et un sommet de la zone euro pourrait se tenir dès vendredi. L'Eurogroupe entend par ailleurs renforcer "la flexibilité" et "l'envergure" de son Fonds de secours financier (FESF), qui a déjà servi à aider le Portugal et l'Irlande.

Va-t-on sortir la Grèce de la zone euro ? Encore jugée invraisemblable il y a un an, l'hypothèse qu'un pays sorte de la zone euro semble être devenue envisageable, ne serait-ce que sur un plan purement théorique. Mais pour Christian Saint-Etienne, économiste, la question n'est pas si simple. "On ne peut pas se séparer de la Grèce, parce que la Grèce fait partie de la zone euro et à partir du moment où on accepterait d'expulser la Grèce, se posera la question d'expulser le Portugal, l'Irlande, puis l'Italie et la France. Donc si on ne veut pas rentrer dans cette spirale d'enchainement d'expulsions, il faut arrêter l'hémorragie grecque", a-t-il estimé sur Europe 1.