Corée du Sud : "je n'ai pas pu tous les sauver"

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avec AFP , modifié à
ÉMOTION - Les proches des quelque 300 disparus oscillent entre douleur et espoir après le naufrage d'un ferry mercredi.

La Corée du Sud s'est réveillée avec la gueule de bois, jeudi matin, 24 heures après le naufrage d'un ferry transportant 475 personnes, dont plus de 300 lycéens, au large de ses côtes.

Cri déchirant le silence de mort. Le silence de mort dans le gymnase qui abrite les proches des passagers portés disparus dans le naufrage d'un ferry sud-coréen vole en éclats lorsque l'identité du 6e corps récupéré est annoncée : c'est une lycéenne et ses parents lâchent un cri déchirant. L'annonce a eu lieu jeudi au petit matin, après une nuit de veille et d'angoisses pour les proches des disparus, dont beaucoup sont les parents des lycéens.

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Les derniers messages d'enfants. Un père pleure doucement, le visage caché dans ses mains, tandis que sa femme tente de le réconforter. Des parents évoquent, la voix chargée d'émotion, les derniers messages envoyés par leurs enfants. "Elle m'a dit: 'nous mettons nos gilets de sauvetage. Ils nous disent d'attendre et de ne pas bouger, maman. Je vois un hélicoptère'", raconte Park Yu-Shin, mère d'une lycéenne.

"Je veux que nous nous revoyons vivants". "Papa, le bateau coule. Je suis allongé sur le lit avec un gilet de sauvetage. Que dois-je faire?", a dit au téléphone en pleurant Kim Bum-Soo, un jeune garçon, selon le quotidien Dong-A Ilbo. "Je veux que nous nous revoyons vivants". Puis la ligne s'est tue.

Des survivants coincés dans le bateau ? Des parents ont passé la nuit sur le quai, les yeux tournés vers la mer où les sauveteurs ont poursuivi leurs efforts, à la lumière de projecteurs et torches puissantes. Certains assurent avoir reçu des messages de leurs enfants piégés dans le bateau, après le naufrage, mais ces informations ne peuvent pas être vérifiées. Au désespoir des proches se mêlait une sourde colère, à l'encontre des médias, jugés intrusifs, des autorités, et de l'équipage, qui aurait ordonné aux passagers de rester sur leur siège ou leur couchette après le choc qui a immobilisé le bateau.

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Un rescapé : "Je n'ai pas pu tous les sauver". Lorsque les passagers ont voulu s'échapper, il était trop tard pour beaucoup d'entre eux. Kim Sung-Mook, un rescapé, a raconté à la télévision coréenne avoir vu une trentaine de jeunes piégés dans une salle du quatrième étage. "Je ne pouvais pas me rendre dans cette salle car tout le bateau penchait, dit-il. Lorsque les sauveteurs sont arrivés, l'homme les a aidés à sortir  quelques adolescents, grâce à un tuyau d'incendie utilisé comme corde pour se hisser hors de la salle. Mais beaucoup étaient trop faibles pour s'accrocher. "Il aurait fallu qu'ils s'agrippent et escaladent le sol qui était complètement penché, mais ça glissait tellement", sanglote-t-il. "Il y avait tellement d'enfants dans le hall... et cette eau... Je n'ai pas pu tous les sauver".

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