Compostelle : le conducteur a parlé

Le collègue avec lequel parlait au téléphone le conducteur du train quelques minutes avant le déraillement qui a fait 79 morts le 24 juillet près de Saint-Jacques de Compostelle, dans le nord de l'Espagne, est le contrôleur du train, a annoncé mercredi le tribunal.
Le collègue avec lequel parlait au téléphone le conducteur du train quelques minutes avant le déraillement qui a fait 79 morts le 24 juillet près de Saint-Jacques de Compostelle, dans le nord de l'Espagne, est le contrôleur du train, a annoncé mercredi le tribunal. © Reuters
  • Copié
Charles Carrasco , modifié à
DOCUMENT SONORE - El Pais s’est procuré l’enregistrement de l’audition du chauffeur du train au tribunal.

L’INFO. A l’heure actuelle, les enquêteurs ont trois éléments tangibles sur le train qui a déraillé à Saint-Jacques de Compostelle : au moment de l’accident, le conducteur, inculpé dimanche soir pour 79 homicides, était au téléphone avec le contrôleur du train, il semblait consulter un plan ou un document en papier et il roulait beaucoup trop vite (153 km/h au moment du déraillement). Tel est le verdict des boites noires du train de la Renfe qui ont commencé à livrer leurs vérités. En revanche, ils veulent en savoir plus sur le pourquoi de ce "moment de distraction" de Francisco José Garzon Amo, le conducteur du train. Et sur ce point, c’est encore flou. Le principal accusé lui-même ne se l’explique pas. Le quotidien El Pais s’est procuré l'enregistrement audio de la conversation entre le procureur et le chauffeur du train. Extraits.

Compostelle

"Je ne suis pas assez fou". Le principal enseignement de ce document est le suivant : le chauffeur a raconté lui-même "ne pas comprendre" pourquoi il n'avait pu freiner à temps et empêcher la catastrophe. "Sincèrement, je vous dis que je ne sais pas, je ne suis pas assez fou pour ne pas avoir freiné", explique le chauffeur, Francisco José Garzon Amo, lors de son interrogatoire dimanche par le juge Luis Alaez.

La traduction de cette conversation :

Le juge : Vous saviez à quelle allure vous deviez rouler sur ce trajet ?
Garzon : Au moment du signal -au point 83,400-, je devais avoir une vitesse de 80 kilomètres par heure.
Le juge : Pardon ?
Garzon : 80 kilomètres heure.
Le juge : Vous vous souvenez à quelle vitesse vous circuliez lorsque vous avez eu l’accident ?
Garzon : Quand j’ai eu l’accident, je circulais à 180 ou 190. Je n’ai eu le temps de rien faire…
Le juge : Pourquoi n’avoir pas réduit votre vitesse ?
Garzon : Je n’ai pas d’explications. Je ne comprends pas comment je n’ai pas vu…
Le juge : (…) Vous circuliez durant quatre kilomètres à une vitesse bien supérieure à laquelle vous aviez l’habitude.
Garzon : Quatre kilomètres à 200 km/h, c’est très rapide.
Le juge : Aviez-vous consommé quelque chose ?
Garzon : Seulement du café. 
Le juge : A quoi avez-vous pensé lorsque vous êtes entré dans ce second tunnel ?
Garzon : Je ne sais pas (…) Le lourd fardeau que je porte va rester toute ma vie.
Le juge : Que s'est-il passé ?
Garzon : Sincèrement, je ne sais pas. Je ne suis pas assez fou pour ne pas avoir freiné.
Le juge : Vous avez activé le frein à un moment ?
Garzon : Monsieur, quand… c’était déjà inévitable.
Le juge : Quand avez-vous remarqué que vous ne contrôliez plus le train ?
Garzon : C’est dur… Je vois la courbe et je vois que je ne passe pas… que je ne passe pas…
Le juge : Mais vous avez activé tous les systèmes de freins avant d’entrer dans le tunnel ?
Garzon : Avant la perte de contrôle, tout est activé et je vois que je ne passe pas, que je ne passe pas…  

>>> Pour écouter la conversation (en espagnol), cliquez ici.