Comment gérer une prise d’otages comme celle de Nairobi ?

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INTERVIEW E1 - Arnaud Danjean, ancien membre de la DGSE, n’est pas étonné par la durée de l’assaut.

Pourquoi l’assaut lancé par les forces kényanes contre les shebab prend-il autant de temps ? "Simplement par ce que le contexte est difficile". Arnaud Danjean, ancien membre de la DGSE, député européen et Président de la sous-commission Sécurité & Défense du Parlement Européen, n’est pas surpris par le temps que prennent les opérations - toujours en cours mardi matin - dans le centre commercial de Westgate à Nairobi, au Kenya.
>> EN DIRECT : L'assaut final lancé.

Former des forces de sécurité. "Le contexte est compliqué, il y a plusieurs étages, le bâtiment est de grande taille et puis les forces kényanes ne sont pas prêtes à ce genre d’opération", explique-t-il sur Europe 1, mardi matin. Selon l’expert, il est nécessaire d’aider les armées des pays qui vivent ce genre d’attaque. "Il faut former des forces de sécurité très spécifiquement pour ce genre de situation. On n’est pas dans un assaut militaire classique", observe Arnaud Danjean.

Six Français tués par les shebab. La DGSE connait les shebab somaliens. Six Français figurent parmi leurs victimes ces dernières années, dont trois membres de la DGSE. Il y a avait aussi eu, en 2011, l’enlèvement sur les côtes kényanes de Marie Dedieu, une Française de 66 ans, handicapée et ancienne militante féministe. "Et puis il y a ces deux Françaises tués ce week-end à Nairobi", ajoute-t-il.

Les shebab recrutent des Somaliensà l’étranger. Selon Arnaud Danjean, ancien membre de la DGSE, les shebab somaliens seraient de plus en plus liés à Al-Qaïda, recevant des financements de brigades internationalistes du terrorisme.

"Mais ce qu’on observe de nouveau, c’est que les shebab sont de plus en plus intéressés par le recrutement dans les communautés somaliennes expatriées", indique l’expert. "Ces communautés sont très nombreuses dans le nord des Etats-Unis, en particulier dans le Minnesota, mais aussi en Scandinavie et en Grande-Bretagne", ajoute-t-il.

Des shebab avec un passeport étranger. Des "candidats" intéressants pour les shebab qui trouvent ainsi des Somaliens avec des passeports étrangers. "C’est un de leurs foyers prioritaires de recrutement", souligne Arnaud Danjean, ajoutant que des étrangers sont également recrutés par les moudjahidines et qu'il n'est pas exclu que des Français aient pu être recrutés. "L’Europe est très concernée par ce problème, car il ne faut pas oublier que c’est essentiellement l’Union européenne qui finance l’armée somalienne et qui la forme sur le sol somalien", conclut-il.