Comment Moscou musèle ses oppos@nts

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Hélène Favier , modifié à
Les autorités russes embrigadent Microsoft dans leur lutte contre les opposants au régime.

Cela se passe en Russie. Depuis quelques temps, la police a trouvé une nouvelle méthode pour déstabiliser les opposants au gouvernement : leur confisquer leurs ordinateurs. Le tout, sous prétexte de lutter contre le piratage de logiciels Microsoft.

Le New York Times fait, en effet, état de ces nouvelles pratiques de la police russe en citant le cas Baïkal Environnement Wave. Cette association se bat contre une usine extrêmement polluante aux abords du lac Baïkal, en Sibérie.

Or en janvier 2010, Vladimir Poutine, le Premier ministre russe, a décidé de rouvrir cette usine. Le même mois, Baïkal Environnement a donc eu la surprise de voir débarquer la police qui a immédiatement saisi ses ordinateurs. Raison invoquée : la lutte anti-piratage et la vérification de la légalité de leurs licences de logiciels Microsoft.

"Nous empêcher de travailler"

"Un peu partout dans le pays, les services de sécurité mènent, depuis quelques temps, des descentes similaires contre des journaux ou des association d’opposition. Les autorités se justifient en se targuant de lutter contre le piratage de logiciels, endémique en Russie", rapporte le New York Times avant de préciser que - jusqu’à présent - seuls les opposants au régime étaient visés par ces mesures…

L’association Baïkal Environnement, elle, connaissait ce genre de pratiques et avaient installé des versions authentiques des logiciels Microsoft. Le groupe avait même présenté ses licences à la police russe, qui, en retour, les a copieusement ignorées.

Les ordinateurs sur lesquels étaient inscrits le nom des adhérents de l’association, le nom de ses soutiens, le détail des futures actions du groupe, ont donc été confisqués pendant cinq mois. "La police n’avait qu’un objectif : nous empêcher de travailler", dénonce l’une des membres de l’association.

Microsoft éclaboussé par l’affaire

Pour se justifier dans ces affaires, la police russe s’est targuée d’un soutien précieux : celui des avocats de Microsoft. Un journaliste d’opposition - qui a connu ce genre de perquisitions - explique même au New York Times : "sans le concours de Microsoft (…), ces cas ne pourraient tout simplement pas avoir lieu."

Face au tollé, Microsoft, très embarrassé, a dû s’expliquer. Estimant d’abord qu’il devait bien "protéger ses logiciels", le groupe a précisé qu’il avait mis en place un système permettant aux associations ou aux organes de presse d’obtenir à un prix symbolique les licences légales en Russie.

Le groupe publie un communiqué

Kevin Kutz, le directeur des affaires publiques du groupe, a également assuré que les avocats de l’entreprise allaient prochainement voir "leurs responsabilités plus clairement définies et seront plus redevables de leurs actions". En attendant, le groupe se dit attentif "aux remarques qui lui permettrait d’améliorer leurs actions".

Enfin, lundi soir, le groupe a même communiqué sur son blog, faisant savoir qu'il condamnait l'usage des lois anti-piratage comme arme politique.