Cambodge : 40 ans de prison requis contre Douch

  • Copié
Le tortionnaire khmer rouge âgé de 67 ans est accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le verdict tombera début 2010.

Douch échappe à la peine à perpétuité. Une peine de 40 ans de prison a été requise mercredi à l'encontre de l’ancien patron de la prison de Tuol Sleng, au Cambodge, sous le régime khmer rouge de Pol Pot. C’est dans cette prison, plus connue sous le nom de S-21, que 15.000 personnes ont été torturées avant d'être exécutées entre 1975 et 1979.

"Il est prouvé, au-delà de tout doute raisonnable, que l'accusé est coupable de crimes contre l'humanité et violations graves des conventions de Genève [crimes de guerre, ndlr]", a indiqué le procureur international William Smith. Le magistrat a vu en Douch, Kaing Guek Eav de son vrai nom, un homme "indifférent aux souffrances de ses victimes et à leurs appels à l'aide" et qui "prenait plaisir à transformer des individus en tortionnaires et en tueurs".

"L'accusé a commis les crimes qui lui sont reprochés, non pas parce qu'il y était obligé mais parce qu'il était convaincu", a martelé William Smith. Le procureur a décrit un "perfectionniste" et un "bourreau de travail" : "Nous ne disons pas que c'était un monstre, ni qu'il est pathologiquement inhumain, mais nous rejetons l'idée que c'était un prisonnier du régime."

Ce réquisitoire est une surprise. "La seule peine appropriée devrait être la réclusion à perpétuité", a en effet expliqué le procureur. Mais "divers facteurs militent pour que cette peine soit commuée", a-t-il ajouté, en évoquant les quelque dix ans de détention provisoire de Douch - dont une partie était juridiquement illégale - ainsi que sa coopération "partielle" avec la cour, ses remords ou encore sa "contribution à la réconciliation nationale".

L'accusé, âgé de 67 ans, a pris la parole à la suite des réquisitions du procureur. Après avoir lu un long texte sur le contexte historique de l'époque, il a déclaré : "Je me suis retrouvé en train de servir une organisation criminelle qui détruisait son propre peuple d'une façon scandaleuse. Je n'ai pas pu m'en retirer. J'étais un rouage dans une machine en marche. Laissez, s'il vous plait, votre porte ouverte pour permettre que je reconnaisse mes crimes." Le verdict n'est pas attendu avant début 2010.